Steve Haldeman

La nudité dans l’espace public

La nudité dans l'espace public

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Dans la droite ligne de l’article sur la liberté d’expression, je vous parle aujourd’hui de la nudité dans l’espace public. Cet article précède celui que je vais écrire sur l’éducation sexuelle.

D’abord, de quelle nudité je parle ?

Dans cet article, je parlerai de nudité d’une façon générale, en parlant de corps en partie ou totalement dévoilés, du moins pas habillés normalement, tout en gardant à l’esprit qu' »habillé  » est une notion très variable suivant le pays, l’âge, les mœurs et la culture. Par exemple, en France, si Vanessa se trouve toute nue à la plage, c’est susceptible de provoquer des réactions, et on parlera d’exhibition sexuelle, qui est punie par la loi. Mais si elle a deux ans, pour la majorité des gens, ça ne posera aucun problème. Bien sûr, si elle ne s’appelle plus Vanessa mais Aïcha, et qu’elle fait partie d’une famille aux pratiques religieuses contraignantes, j’imagine que ce pourrait être différent. Mais j’imagine aussi qu’il y aura toujours une différence suivant son âge. Peut-être pas pour sa famille, mais pour le public, en moyenne, il y aura bien une réaction adaptée.

Ensuite, qu’est-ce que j’appelle l’espace public ?

Dans cet article, je fais référence à tous les espaces auxquels le public peut accéder. C’est à dire la rue, mais aussi tous les endroits qui reçoivent du public, et tous les médias dont l’accès est libre, comme la télévision et internet.

L’évolution rapide des mœurs.

La possibilité d’afficher la nudité des corps dans l’espace public est quelque chose qui a beaucoup évolué depuis mon enfance, vécue dans les années 70 et 80. Je l’ai déjà dit dans mon article consacré à la liberté d’expression, mais quand j’étais enfant, voir une femme dénudée, ce n’était possible qu’en de très rares endroits, et sûrement pas dans la rue. Quand un adolescent, chahuté par ses hormones, avait envie de voir ce qu’il se passait sous un chemisier féminin, il n’avait, en gros, qu’une seule solution aisée, c’était d’ouvrir les pages lingerie féminine d’un catalogue de La Redoute. Et il ne fallait pas espérer y voir de nudité intégrale, car je ne sais même pas si les strings étaient référencés.

En comparaison, dans la rue aujourd’hui, vous tomberez facilement sur des publicités d’inspiration BDSM. Et sur internet, vous en verrez plus et mieux qu’en pratiquant une coloscopie. Et non, ce n’est pas une plaisanterie de ma part, du moins je n’exagère pas. Le prolapsus, aussi bien génital que rectal, fait l’objet de catégories bien achalandées sur les sites pornographiques ! Les publicités pour les produits ou services pornographiques vous attendent partout, aussi bien sur des panneaux 4×3 aux abords des villes où ont lieu les salons du X, que sur n’importe quel site internet, même pour enfants, ou des publicités pour des jeux hentai vous sauteront à la figure, mettant en scène des midinettes animées, perforées de toute part par des tentacules libidineuses. Au milieu d’un épisode de One piece en streaming, ça fait désordre.

En une quarantaine d’années, on a donc assisté à un grand assouplissement des interdictions qui prévalaient avant, ainsi qu’à une mondialisation qui met en défaut le pouvoir contraignant des États dans ce domaine.

Le décor étant planté, il me semble qu’il y a une question qui se pose. C’est : Est-ce une bonne chose ?

L’hypocrisie de nos sociétés

Il me semble que dans l’espace public, ce qui devrait déranger vraiment, ce n’est pas la nudité, mais le caractère sexuel de ce qu’il nous est imposé de voir. C’est la mise en scène de situations dont le but est clairement de montrer quelque chose de sensuel, qui se réfère directement à la sexualité, ou qui provoque une excitation sexuelle.

La nudité peut provoquer cela, mais pas forcément. Tout dépend de la pose, de la personne, de l’attitude, du regard. Du coup, on se retrouve dans une situation où vous ne verrez jamais une femme nue dans une publicité, même pour un savon intime, et encore moins pour des tampons hygiéniques. En revanche, même pour vous vendre des boîtes aux lettres, vous aurez droit à tout le panel des clichés sexy, et souvent sexistes d’ailleurs.

Qu’en est-il de la loi ? Dans le droit français, l’outrage public aux bonnes mœurs a disparu, il a été remplacé par le délit d’exhibition sexuelle.

Quand on parle d’exhibition, on imagine facilement le cliché du pervers qui se balade la nuit, couvert seulement d’un imperméable, et qui l’ouvre subitement devant ceux ou celles qu’il a repérés. Dans ce cas-là, on parle effectivement d’exhibition sexuelle. Le sexe est montré, c’est un délit.

Ce que je trouve problématique, c’est que dans de nombreuses publicités, le ressort de l’excitation sexuelle est utilisé pour vendre. Dans ces cas-là, on ne vous montre pas vraiment un sexe, mais vous ne pouvez penser qu’à ça. L’organe n’est pas vraiment exhibé, mais il est si bien suggéré que ça devient hypocrite de ne pas le montrer.

Et c’est vrai en particulier sur certains réseaux sociaux, où il est hors de question de montrer la partie centrale de l’anatomie en question. Résultat, vous pouvez voir des femmes en tenue plus que suggestive, et avec un gramme de tissu sur les fesses, ça passe. Mais une vulve ou un téton ? Oh mon dieu non ! Surtout pas !

C’est d’ailleurs un problème que j’ai expérimenté avec la couverture de Ma soumise, mon amour, sur laquelle Charline est nue, de dos. Cela m’a valu le refus de publication d’un certain nombre de distributeurs, et pas américains encore, dont le puritanisme est pourtant connu.

Mais bon. Cela ne serait pas si ridicule si ça ne concernait que la publicité. Car la nudité est susceptible de se retrouver dans bien d’autres endroits, où elle devrait logiquement avoir sa place.

L’exemple de la piscine.

Quand vous allez à la piscine, la règle veut que vous vous laviez avant d’entrer dans le bassin. Cela a été remis en avant avec la pandémie de COVID, mais ça a toujours été ce qu’il faut faire. Et il s’agit bien de se laver, avec du savon. La douche à la sortie, c’est fait pour se rincer du chlore.

D’ailleurs, cette obligation de se laver, qui n’est clairement pas respectée dans son ensemble, a été mise en lumière il y a quelques décennies quand les shorts de bain ont été interdits dans les piscines, parce que certains hommes les portaient toute la journée, s’en servaient comme caleçon, et plongeaient allègrement dans l’eau sans se changer.

Donc, redisons-le, il faut se doucher ! Mais là, il y a un petit problème…

 

Comment se laver efficacement dans les douches publiques des piscines, quand on risque l’exhibition sexuelle en enlevant son maillot de bain ?

Eh bien on ne peut pas !

Du coup, personne ne se lave vraiment.

On prend bien soin de ses cheveux, on se délasse sous l’eau chaude, mais les plis les plus susceptibles de mériter un bon coup de propre, ils restent bien au chaud, avec les poils, la sueur, les résidus d’urine et le reste, que je vous épargne.

Les seuls qu’on met tout nus, parfois, ce sont les enfants. Et encore, il y a des gens qui ont peur de les exhiber aux pédophiles qui pourraient traîner. On ne sait jamais !

 

Au début de mon adolescence, j’ai vécu deux ans en Allemagne, à Freiburg im Breisgau. Nous allions souvent en famille à la Westbad, où les gens étaient bien plus à l’aise avec la nudité. Les vestiaires n’étaient pas mixtes, ni les douches d’ailleurs, mais il y avait peu de cabines individuelles, et la plupart des gens ne les utilisaient pas. Je me souviens très bien que les hommes se changeaient à la vue de tous, complètement nus, et j’avoue que la première fois, ça m’a surpris.

Et après ? Je m’y suis fait et les fois suivantes, très vite, j’ai trouvé ça normal.

 

Vous l’aurez compris, je trouve ridicule de cacher absolument nos sexes, et surtout l’obligation qui nous en est faite par la loi. Il y a quelque chose de malsain à sacraliser cette partie du corps humain.

Je vous invite à me dire ce que vous en pensez en commentaire, je serais heureux de les lire.

 

Mon livre : Ma soumise, mon amour, T1

version numérique : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/

version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

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