Hasta la vista (le film)

Hasta la vista est une comédie dramatique belge réalisée par Geoffrey Enthoven, sortie en 2011.

J’ai vu ce film avec Rose, à son initiative. Je n’en avais jamais entendu parler, et de prime abord le sujet ne m’a pas intéressé plus que ça. Mais elle a insisté, comme bien souvent quand elle me propose une réalisation dont la distribution confidentielle ne m’emballe pas. Quand je me laisse convaincre, il arrive que je m’ennuie à mourir pendant une heure et demie. Mais la plupart du temps je découvre une création originale et sympathique. Ce jour-là, j’ai regardé un film qui réussit à être à la fois drôle, original, intéressant, fin et émouvant.

Son synopsis

Le film raconte l’histoire de trois amis handicapés physiques, trois Belges d’une vingtaine d’années, qui décident de perdre leur virginité en dépit de toutes les difficultés, en se rendant dans un bordel en Espagne. Car l’un d’eux a appris qu’on y offrait des services adaptés à leur état.
Car Jozef est presque aveugle. Philip, lui, se déplace en fauteuil roulant, du fait d’une lésion de la moelle épinière qui ne lui a laissé qu’un usage limité de ses bras et ses mains. Le troisième, Lars, est également en fauteuil, du fait d’une tumeur cérébrale en phase terminale.
Leur périple a toutes les apparences d’une aventure trépidante, notamment parce qu’ils cachent à leurs parents le véritable but de leur voyage.
L’histoire est vraiment amusante, en particulier grâce au personnage de Philip, qui est un modèle de révolté, un garçon vulgaire à l’occasion, et en même temps terriblement sincère. Il s’emporte quand on s’oppose à sa volonté. Il n’hésite pas à profiter de l’attitude compatissante des gens envers les handicapés, et à s’en agacer, ce qui met parfois leur trio dans des situations difficiles.

Pourquoi ce film m’a plu

Il montre bien à quel point le handicap prive ces trois jeunes de leur liberté. Leur diminution physique est bien évidemment en cause, mais ce n’est pas ce qui est le plus révoltant. Car leur infirmité, ils ont appris à vivre avec. En revanche, la vision du handicap par la société amène les gens à faire des choix qui les privent de leurs droits civiques les plus élémentaires.
En Belgique comme en France, la majorité est atteinte à 18 ans, donc les trois personnages principaux ont tous passé l’âge qu’on fasse des choix pour eux. Or si l’inquiétude de leurs parents est légitime, et qu’ils veulent un temps s’opposer à leur voyage, notamment à cause de la dégradation de l’état de Lars, leur opposition vient infantiliser leurs enfants, qui sont pourtant adultes. Qui plus est, l’état de Lars devrait inciter ses proches à respecter ses dernières volontés, et pas à le brider sous prétexte de lui adoucir la vie, alors que de toute façon il est bien parti pour la perdre.
D’autant que le film montre que les trois aventuriers du sexe sont financièrement indépendants. Ils ne sont pas soumis aux finances de leurs parents, qui de ce fait pourraient avoir leur mot à dire. Rien ne devrait s’opposer à leurs envies.

La deuxième chose qui est bien décrite, c’est que les mœurs de nos sociétés ne sont pas adaptées aux besoins de ces trois jeunes. Leurs handicaps les rendent dépendants des autres pour un certain nombre de leurs besoins matériels, ce qu’ils ont appris à accepter. Mais ils sont aussi soumis aux tabous des autres, aux limitations d’une société qui reste trop gênée par tout ce qui touche à la sexualité, et qui préfère ignorer ce qui dérange sa morale. Sous prétexte de pudeur, alors qu’il ne s’agit que de fermeture d’esprit, on en vient à réduire encore les droits des handicapés, qui n’ont pourtant déjà pas la marge de manœuvre qu’ils auraient aimé avoir. C’est la double peine !

En fin de compte, avant de l’avoir vu, je pensais que j’allais regarder un film traitant de la sexualité des handicapés. Mais en fait, il s’agit d’un bon film, juste un bon film. Leurs diminutions physiques, qui sont pourtant très visibles, on les oublie. Cette histoire, je l’ai vue il y a quelques années, et elle m’a marqué. Pourtant, au moment de rédiger cet article, je ne savais plus de quoi ils souffraient. En revanche, je me souvenais parfaitement qu’il s’agissait de l’histoire de trois hommes, d’une quête de liberté, et des affres de la nature humaine. La mise en scène est délicate, et personnellement j’ai trouvé que le handicap passait rapidement au second plan. Parce que c’est avant tout l’histoire d’une résistance à l’oppression, un combat pour la liberté.

Filmographie

De la même façon que pour l’article à propos de la série The L word, j’ai fait des recherches pour savoir s’il existait des productions audiovisuelles à propos de la sexualité des handicapés. Résultat, c’est un sujet qui est manifestement plus traité que celui de l’homosexualité !
Je vous ai mis un lien vers un article de Sens critique, qui répertorie quelques œuvres, et j’en profite pour vous dire que j’ai regardé The Sessions, un film de 2012 réalisé par Ben Lewin. Cette histoire m’a plu, elle aussi. Elle parle de l’accompagnement sexuel.

Liens

– La page Wikipedia du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hasta_la_vista_(film)
– La page des films sur l’amour et la sexualité de Sens critique : https://www.senscritique.com/liste/sexe_et_handicap/347007

Notre site : https://stevehaldeman.com/

Notre histoire :La série « Maître et soumise, leur histoire » est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 2 sont déjà parus :

Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/

Ma soumise, mon amour, T2 sortira en décembre 2023
Mon Maître, mon amour, T2 sortira en juin 2024.

Ils sont également disponibles en version papier et e-book, dans toutes les bonnes librairies (en ligne ou en magasin) avec des couvertures différentes, les originales ayant choqué la morale.