Steve Haldeman

Les revenus des auteurs

Auteur auto-édité : Comment réussir ?

Vous pouvez lire l’article, ou le découvrir en version audio avec le lecteur ci-dessous. Il est également disponible en vidéo sur ma chaîne YouTube (lien dans le menu), et prochainement sur toutes les plates-formes de Podcast.

En arrivant sur Facebook, pour démarrer la promotion de notre double roman, nous nous sommes aperçus que de nombreux clichés sur les auteurs ont la vie dure. En particulier, certains de nos contacts avaient l’air de penser que nous avions écrit une histoire d’amour BDSM dans l’objectif de faire fortune facilement. Évidemment, ces personnes pensaient au succès phénoménal de Cinquante Nuances de Grey.

Cela m’a fait sourire, et je me suis rendu compte, à cette occasion, que le monde du livre est très peu connu, et que cette méconnaissance génère des fantasmes très éloignés de la réalité. En conséquence, j’ai écrit un précédent article qui explique quel est mon quotidien d’auteur : https://stevehaldeman.com/auto-edite-comment-reussir/

Pour le compléter, je vais maintenant vous parler de l’argent des auteurs, en prenant comme exemple mon cas particulier.

 

À l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes en août, et les deux premiers tomes de notre double roman sont sortis. Rose et moi avons vendu 51 livres, tous formats confondus :
– 43 exemplaires du tome 1 de Ma soumise, mon amour, sorti en septembre 2022
– 8 exemplaires du tome 1 de Mon Maître, mon amour, sorti en juin 2023.

 

51 ventes, c’est à la fois peu et beaucoup.

Pourquoi ?

C’est ce que je vais vous expliquer.

Pourquoi en avons-nous vendu si peu ?

51 ventes, tout le monde sera d’accord pour dire que ce n’est pas folichon. Mais il faut connaître les raisons de ce résultat.

– Compte tenu de notre obligation de rester anonyme, nous n’avons pas pu en parler à notre entourage, ou très peu. Seuls deux exemplaires ont été vendus ainsi. Or les amis et la famille de l’auteur sont souvent les premiers à l’encourager, en lui prenant un exemplaire. Ils sont également ceux qui sont le plus susceptibles de l’aider à démarrer, en laissant des commentaires positifs sur les plateformes de vente comme Amazon. De bons commentaires boostent considérablement les ventes.

– Le sujet de notre roman s’adresse à un public restreint, même si nous espérons toucher un public plus large, à terme.

– Les cinq premiers mois, nous n’avons fait quasiment aucune promotion. Nous n’avions pas encore de site internet, et nous n’étions pas présents sur les réseaux sociaux.

– Ces ventes n’ont été effectuées que par un seul biais : Amazon.fr, qui représente une part importante du marché du livre, mais pas la totalité.

– Enfin, nous sommes auto-édités, et la plupart des gens considèrent que les auteurs auto-édités sont globalement de moins bonne qualité que ceux qui ont retenu l’attention d’un éditeur. C’est vrai, mais ça cache de très grandes disparités, dont j’ai parlé dans l’article précédent.

Pourquoi ces 51 ventes ne sont pas négligeables ?

– La raison principale est liée à la méconnaissance du marché du livre par le grand public.
Il sort environ 70.000 livres par an, et les ventes moyennes tournent autour de 500 à 800 exemplaires, sur toute la durée de vie du livre. Et encore, ce résultat est gonflé par quelques tirages exceptionnels, à l’image de Cinquante Nuances de Grey.
En réalité, un écrivain aurait en moyenne 50% de chance de vendre moins de 300 exemplaires en tout, et moins de 1% de chance d’en vendre plus de 2000.
Cela peut paraître difficile à croire, et pourtant. En 2011, Luc Chatel et Jean-Pierre Chevènement, qui sont pourtant des figures médiatiques connues, membre de partis politiques dont les adhérents constituent un vivier de lecteurs potentiels, auraient vendu seulement 931 exemplaires de leur bouquin. Cette même année, Christine Boutin et René Frydman n’auraient écoulé que 261 du leur.
En conséquence, si on se réfère à 300 ventes en moyenne, les 43 ventes du tome 1 de Ma soumise, mon amour représente déjà 15% des ventes moyennes, alors qu’il commence à peine son parcours.

– Quand j’ai rencontré Franck Spengler au mois d’avril, je n’avais alors vendu que 25 exemplaires, et alors que je le lui disais, il m’a fait savoir que ça n’était pas si peu, et que beaucoup d’auteurs auto-édités n’en vendaient pas autant. Il aurait pu me dire cela pour me faire plaisir, sauf qu’il m’a rappelé un mois plus tard pour m’orienter vers un de ses confrères éditeurs, qui est à ce jour en train d’étudier la possibilité de nous éditer à compte d’éditeur. Il ne l’aurait pas fait s’il pensait que mes ventes étaient ridicules, et que mon bouquin n’avait pas d’avenir.

– 51 ventes, c’est également beaucoup parce que la mode n’est pas du tout aux livres de ce type. En ce moment, le BDSM façon Histoire d’O ne fait pas recette, comme c’était le cas entre les années 1990 et 2010. Aujourd’hui, la mode est aux romances Young Adult. Dans cette littérature, la sexualité est présente, mais d’une façon à la fois plus édulcorée, et souvent moins réaliste.

– Nos 51 ventes sont encourageantes aussi parce que les deux tomes que nous avons vendus sont tous les deux des premiers romans. Nous sommes de tous nouveaux auteurs, quasiment inconnus, et la majorité des lecteurs lisent essentiellement des livres qu’on leur a recommandés. Or on ne recommande pas quelqu’un qu’on ne connaît pas.

– Mieux encore, les deux livres sortis ne sont que des premiers tomes. L’histoire complète n’est pas encore disponible. Le second tome de Ma soumise, mon amour ne sortira qu’en décembre.

Les recettes

À ce jour, la vente de ces 51 livres, et la lecture des pages via l’abonnement Kindle d’Amazon nous a rapporté en tout 387, 44 euros. Et c’est bien parce que nous sommes en auto-édition, et que la formule d’Amazon est avantageuse. Cela dit, comme je l’ai expliqué dans l’article précédent, nous devons tout faire nous-mêmes, et les redevances touchées sont en conséquence. Si nous étions édités à compte d’éditeur, nous n’aurions touché que 50 euros, voire moins. Et cette somme, nous ne serions pas près d’en voir la couleur, les auteurs ne touchant le fruit de leur travail qu’avec un décalage de 6 mois minimum. Qui plus est, ce sont des revenus bruts, dont il faut déduire des charges sociales et des impôts.
On pourrait croire qu’avec ce que nous avons encaissé, nous aurions pu nous faire un bon restaurant, mais même pas. Car ce n’est pas grand-chose à côté des investissements que nous avons faits.

Les dépenses

J’ai commencé à écrire en 2007, et à l’été 2008, pour écrire dans de meilleures conditions, je me suis acheté un ordinateur portable (700 euros). Avec ce matériel, j’ai écrit 4 livres. La charnière de l’écran a lâché en 2016, et à partir de ce moment-là il n’a plus été possible de le refermer. Alors mon PC portable est devenu fixe, en quelque sorte. Il a tenu jusqu’au début de cette année, mais après 15 années de bons et loyaux services, il a rendu l’âme. J’ai donc dû en racheter un autre (750 euros)

En résumé, voici la liste des autres dépenses que nous avons faites :
– Hébergement de notre site internet : 4 euros par mois (300 euros pour 4 années, payés d’avance)
– Abonnement pour l’hébergement du podcast : 12 euros par mois : (144 euros)
– Abonnement à Canva, de temps en temps : 50 euros
– Corrections des manuscrits : 1700 euros
– Illustrations : 4 couvertures : 1000 euros ; prestations complémentaires : 350 euros ; portraits pour la promotion des seconds tomes : 1100 euros
– Réalisation d’un booktrailer : 300 euros.
– Construction d’un home studio : traitement acoustique + matériel d’enregistrement : 1000 euros.

Soit, au total, des investissements à hauteur de presque 7500 euros.

Compte tenu de ces chiffres, il paraît évident que nous ne sommes pas près de rentrer dans nos frais. Il n’est même pas certain que ça arrive un jour, mais c’est toute la beauté des risques que l’on prend quand on est entrepreneur. Et être auteur auto-édité, c’est être le chef d’une petite entreprise au service d’une passion. Surtout au début, rien ne garantit que l’on réussira à être lu, en dépit de tous nos efforts. Mais une chose est sûre, si l’on n’essaye pas de convaincre que nos livres sont bons, alors jamais on en vendra.

Pour terminer, je vous mets en lien les vidéos d’auteures présentes sur YouTube, qui parlent également de leurs revenus. Vous pourriez les trouver intéressantes. À cette occasion, vous constaterez que certaines d’entre elles, en comparaison de leur nombre d’abonnés et de leur ancienneté sur YouTube, ont finalement fait peu de ventes.

 

Liens

– Astrid Stérin : https://www.youtube.com/watch?v=s6-GzinWTqM&t=642s
– Christelle Lebailly : https://www.youtube.com/watch?v=uTINeV_Vsb4&t=788s
– Charly Farrow : https://www.youtube.com/watch?v=clP2vXvAHvI&t=954s
– Lucie : https://www.youtube.com/watch?v=6ab2pNU_aUg

– Article de Luc Debordes, des Éditions Humanis : http://www.editions-humanis.com/combien-gagne-auteur.php

 

Notre site : https://stevehaldeman.com/

Notre histoire :La série « Maître et soumise, leur histoire » est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 2 sont déjà parus :

Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/

Ma soumise, mon amour, T2 sortira en décembre 2023
Mon Maître, mon amour, T2 sortira en juin 2024.

Ils sont également disponibles en version papier et e-book, dans toutes les bonnes librairies (en ligne ou en magasin) avec des couvertures différentes, les originales ayant choqué la morale.

Jingle du podcast : Track : Warsaw
Music by https://www.fiftysounds.com

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