Florence Dugas, l'auteure niée.
Vous pouvez lire l’article, ou le découvrir en version audio avec le lecteur ci-dessous. Il est également disponible en vidéo sur ma chaîne YouTube (lien dans le menu), et prochainement sur toutes les plates-formes de Podcast.
Avant-propos : Cet article est le deuxième d’une série de trois dont voici les liens des deux autres :
https://stevehaldeman.com/dolorosa-soror/
https://stevehaldeman.com/florence-dugas-conclusion/
Dans les deux premiers articles, j’affirme certaines choses à propos de l’auteur sur la base d’informations qui me paraissaient fiables. Mais finalement, ce n’est peut-être pas le cas. En conséquence, et pour corriger cette imperfection, le troisième article est purement factuel.
Cet article est la suite directe de celui intitulé Dolorosa soror, de Florence Dugas. Si vous ne l’avez pas lu, je vous invite à le faire avant de continuer.
Dans le précédent article, j’ai indiqué que j’avais découvert que Florence Dugas était le pseudonyme de Jean-Paul Brighelli, alors que ce n’est pas le cas. Pour comprendre ce qu’il s’est passé, il faut que je commence par vous expliquer comment j’en suis arrivé à le croire.
Comme je l’ai dit, j’ai lu Dolorosa soror en 2007 ou 2008, et lorsque j’ai rédigé le premier article, cela faisait donc une quinzaine d’années. J’en ai relu quelques passages, mais au-delà de me remettre l’histoire et le style en mémoire, j’avais envie de replacer l’oeuvre dans le contexte de sa création, et pour cela, de parler de son auteur. J’ai donc fait quelques recherches et je suis très vite tombé sur des articles qui indiquaient que Florence Dugas était le pseudonyme de Jean-Paul Brighelli.
Le premier sur lequel je suis tombé était d’Anne Bert, sur le site L’internaute. Elle y dit qu’elle a appris que Florence Dugas est un pseudonyme de Jean-Paul Brighelli, mais elle ne dit pas comment elle a trouvé cette information, et elle ne cite pas ses sources. Pourtant, dans un commentaire de son propre article, elle signale qu’elle a sollicité l’éditeur de la première édition pour en savoir plus, et que celui-ci lui aurait répondu que Florence Dugas existe bel et bien.
Je suis tombé sur un certain nombre d’autres articles, comme celui de Babelio, qui affiche pourtant la photo de Florence Dugas, tout en créditant Jean-Paul Brighelli comme auteur véritable du texte.
Étonné, je suis allé sur la page Wikipedia de l’homme en question, qui indiquait à ce moment-là, comme vous pouvez le voir sur l’impression écran que j’en ai fait, que Florence Dugas, ainsi que Hugo Trauer sont ses pseudonymes. Ce second nom de plume a contribué à me convaincre de ce que j’ai appelé une supercherie. Car comme je l’ai dit, le roman Les patientes à été édité sous ce nom. C’est un livre que j’avais apprécié, mais qui m’avait laissé dubitatif quant à la réalité de son contenu. Enfin, et pour compléter le tableau, Monsieur Brighelli semble avoir été critiqué pour certains de ses écrits, et son honnêteté intellectuelle a été remise en cause. Je me suis dit qu’il était peut-être capable d’avoir rédigé un roman sous pseudonyme, en le vendant comme autobiographique. Et j’ai rédigé mon article en m’en tenant à ça.
J’en ai donc conclu, pour toutes ces raisons, que Florence Dugas n’existait pas vraiment, comme beaucoup de monde avant moi, du fait de la masse des indices allant dans ce sens. Heureusement, mille indices ne valent pas une preuve, et je me félicite d’avoir douté suffisamment pour essayer de contacter M. Brighelli et Franck Spengler, éditeur du roman.
Je n’ai pas pu obtenir les coordonnées de M. Brighelli, mais on m’a donné celles de Franck Spengler
Je lui ai envoyé un message le 13 février, j’ai reçu une réponse le lendemain.
Petite digression
Dans mon message, pour me présenter, je lui disais que je lui avais envoyé mon roman en 2011 et que je l’avais eu ensuite au téléphone, persuadé que douze ans plus tard, il ne se souviendrait pas de moi. Or il m’a répondu :
« (…) heureux d’apprendre que vous avez pu donner vie à votre texte dont je me souviens très bien de la qualité, et que j’aurais pu publier en d’autres temps moins pudibonds (…) »
Une appréciation de ce genre, de la part d’un éditeur ayant son palmarès, ça m’a donné le sourire pour la journée !
Mais revenons au sujet qui nous intéresse aujourd’hui.
Il m’a aussi confirmé que Dolorosa soror avait bien pour auteure Florence Dugas, le pseudonyme d’une soumise, et que ce roman était bien autobiographique.
Cependant, comme je doutais encore un peu, j’ai fait des recherches complémentaires, dont je lui ai fait part en retour. Voici un extrait de ce que je lui ai dit.
« Je vous remercie également pour vos réponses à propos de Florence Dugas. Elles m’invitent à vous en dire un peu plus sur mes recherches, et sur les raisons qui m’ont poussé à utiliser le terme supercherie (dans l’article initial et le premier mail que je lui ai envoyé).
Comme je vous l’ai dit, ma démarche est motivée par le besoin de faire la promotion de mon roman, et de celui de mon épouse. Mais j’avoue que maintenant, cela va plus loin que ça. J’aimerais réhabiliter Florence Dugas, en temps qu’auteure.
Depuis que vous m’avez indiqué qu’elle existe bel et bien, je suis intrigué. Et je me suis lancé de plus belle dans des recherches sur internet, traquant d’autres preuves de sa réalité.
J’ai envisagé que mon désir de faire la lumière sur cette affaire n’est peut-être pas souhaitée par les intéressés, et respectueux de leur vie privée, je n’en parlerai pas. Mais il me répugne profondément que l’existence même de l’auteure soit niée avec tant de force, dans de si nombreux articles sur internet, qui relaient tous cette erreur, apparemment sans vérifier. D’autant qu’internet regorge d’aberration, comme le site Babelio, où figure une photo de Florence Dugas, qui crédite Jean-Paul Brighelli. La photo correspond pourtant à la jeune femme interviewée par Thierry Ardisson en 1996, dont la vidéo est disponible sur Youtube.
Je crois avoir trouvé l’origine du dérapage, dans un article du blog Auroraweblog du 20 mars 2004, qui traite du roman Les patientes. Un lien vers cet article figure dans les notes et références de la page Wikipedia consacrée à Jean-Paul Brighelli, dans lequel il est indiqué que Florence Dugas et Hugo Trauer sont deux de ses pseudonymes.
L’article d’Auroraweblog aboutit à la conclusion que Dugas, Trauer et Brighelli pourraient n’être qu’une seule et même personne. L’auteur du blog invite Jean-Paul Brighelli et vous-même à réagir à ce qu’il dit, ce que Brighelli a fait semble-t-il. Une réponse apparemment authentifiée par mail ayant été publiée dans les commentaires en novembre 2004.
Monsieur Brighelli y soutient qu’il n’est pas Florence Dugas, pas plus que Hugo Trauer. Il indique également que Florence Dugas et Hugo Trauer seraient disparus « dans les abysses ». Hugo Trauer étant déclaré décédé dans le préambule des Patientes, faut-il comprendre que Florence Dugas est décédée ? Ou bien faut-il comprendre qu’il n’a plus l’intention de se servir de ces pseudonymes ?
Le problème avec Brighelli, si j’ose dire, c’est qu’il enrobe ses affirmations de suffisamment de belles formules pour qu’on finisse par douter de ce qu’il dit vraiment. De plus, un certain nombre d’indices invitent à la prudence. Comme le fait que la quatrième de couverture des Patientes laisse planer le doute, en indiquant clairement qu’il s’agit d’un roman. En particulier, la 16ème note de bas de page des Patientes laisse entendre que le dernier chapitre est une version d’un texte intitulé « Le protocole de La Fère » signé de Florence Dugas, que vous auriez déjà publié dans un recueil en 2000. Peut-on publier un texte qui ne nous appartient pas, même en en faisant une autre version, simplement en le précisant en bas de page ? En tous cas, cette partie ne proviendrait pas des carnets de Hugo Trauer. Dans cette même note, JP Brighelli se joue des lecteurs, indiquant « (…) cette Dugas n’était peut-être, elle aussi, que le double, le prête-nom, – l’autre visage de Hugo Trauer. » Il est difficile d’imaginer quelles étaient ses intentions quand il a écrit ces lignes.
On peut donc imaginer beaucoup de choses concernant les motivations de Florence Dugas, qui semble avoir disparu médiatiquement parlant, en dehors de la publication d’un texte court publié en 2012, Derrière la vitre, aux éditions 12-21.
(…) Voilà, en somme, ce que j’ai pu trouver, déduire ou imaginer, en l’absence d’informations plus précises.
Pour aller plus loin, pourriez-vous me mettre en relation avec Florence Dugas, si elle est toujours de ce monde, ainsi qu’avec Jean-Paul Brighelli ? »
Voici ce que Franck Spengler m’a répondu :
« Florence Dugas existe bel et bien, c’est bien elle en photo sur le bandeau de la première édition et dans l’émission d’Ardisson.
(…)Concernant Hugo Trauer, c’est en effet le pseudonyme de Jean-Paul Brighelli comme il l’a revendiqué à plusieurs reprises. »
Sa réponse a été bien plus longue, et il m’a donné des raisons qui m’ont complètement convaincu. En particulier, il y a bien un lien entre Jean-Paul Brighelli et Florence Dugas. Mais je n’en dirai pas plus, car comme je l’ai dit, cela relève de leur vie privée.
En revanche, la note de bas de page des Patientes sème la confusion.
Quoi qu’il en soit, j’en ai appris assez pour essayer de réhabiliter Florence Dugas en temps qu’auteure. Pour cela, je vais envoyer un certain nombre de messages aux rédacteurs des articles qui contribuent à effacer Florence Dugas du panthéon des auteurs érotiques, et j’espère qu’ils en tiendront compte.
Je vérifierai régulièrement ce qu’il en est, et je vous en ferai part en commentaire.
Liens
– Lien vers l’article de Babelio : https://www.babelio.com/auteur/Florence-Dugas/11718
– Lien vers l’article d’Anne Bert de L’internaute : http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/florence-dugas/review/1889120-le-chemin-de-croix-extatique-de-florence-dugas
– Lien vers l’article d’Auroraweblog : http://auroraweblog.karmaos.com/post/283
– Article wikipedia de Jean-Paul Brighelli : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Brighelli
– Vidéo Youtube de l’interview de Florence Dugas par Thierry Ardisson : https://www.youtube.com/watch?v=fTxqMKE4rec
Notre histoire :La série « Maître et soumise, leur histoire » est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 2 sont déjà parus :
Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/
Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/
Ma soumise, mon amour, T2 sortira en décembre 2023
Mon Maître, mon amour, T2 sortira en juin 2024.
Bonjour. J’étais précisément en train de rédiger un troisième article afin de donner les conclusions de l’impasse à laquelle m’a mené mon enquête, Franck Spengler m’ayant donné des informations contraire à celle que Jean-Paul Brighelli m’a donné lors de nos échanges par mail. Cela dit, il est indéniable que je me sois avancé un peu rapidement dans cette affaire. Je vais prendre en compte cet article fort intéressant et le retravailler en conséquence. Le fait est que le fond de son article ne m’est pas inconnu. Monsieur Brighelli m’avait lui-même donné cette version lors de notre correspondance, que je m’étais engagé à ne pas divulgué par respect pour sa vie privée, et parce qu’il me l’avait demandé. Je suis heureux qu’il ait rétablit sa vérité, ce que je l’avais incité à faire. Merci beaucoup d’avoir mis à ma connaissance cet article très récent, tellement en vérité qu’il est daté d’aujourd’hui, et que votre commentaire est daté de 06h50. Ne seriez vous pas un pseudonyme de quelqu’un d’autre ? 🙂
Je vous invite à réécrire votre article après avoir lu celui-ci de JP Brighelli qui rétablit la vérité.
https://blog.causeur.fr/bonnetdane/florence-dugas-ou-comment-jai-ecrit-certains-de-mes-livres-4656