Steve Haldeman

Régine Deforges

Régine Deforges

Vous pouvez lire l’article, ou le découvrir en version audio avec le lecteur ci-dessous. Il est également disponible en vidéo sur ma chaîne YouTube (lien dans le menu), et prochainement sur toutes les plates-formes de Podcast.

C’est une romancière et éditrice française.

Pourquoi vous parler d’elle ?

Pour ce que j’en sais, cette auteure n’est plus si connue à l’heure actuelle, surtout des plus jeunes. Elle a pourtant écrit un certain nombre d’œuvres, et je pense qu’elle est essentiellement connue en temps qu’auteure du roman à succès La Bicyclette bleue, qui fait partie d’une saga en dix tomes dont dix millions d’exemplaires ont été vendus.
Mais ce n’est pas pour cela que je désire vous en parler. Elle est surtout une femme libre, que l’on peut même qualifier de libertine au sens noble du terme, tant elle a payé cher son engagement en faveur de l’édition et de la création d’œuvres érotiques. Je suis donc ravi de vous présenter une grande dame de la littérature française.

Ma Régine Deforges

Nous vivons parfois la découverte d’un auteur d’une façon particulière, et ce n’est pas toujours en ouvrant un de ses livres. Je vais peut-être vous étonner, mais je vais vous parler aujourd’hui d’une romancière que je n’ai jamais lue. Pas la moindre ligne !

La première fois que j’ai découvert le nom de Régine Deforges, c’était sur un livre de poche, et plus précisément sur l’édition de La Bicyclette bleue, qui faisait partie de la bibliothèque familiale, dont la couverture figure en tête de l’article. Je devais être pré-ado et, si je lisais énormément à cette époque, la fille sur le vélo bleu n’a jamais été, pour moi, la promesse d’une histoire suffisamment trépidante. Si j’avais vu d’autres versions de cette couverture, notamment celle avec les avions de chasse allemands et la précision 1939-1942, il est probable que je m’y serais intéressé. J’y aurais vu un livre à l’image d’Un sac de billes, que j’avais déjà dévoré.


Comme quoi, parfois, même un détail sur une couverture, ça fait toute la différence.

Pendant trois décennies, je n’ai plus entendu parler de Régine Deforges, jusqu’à il y a quelques années, quand j’ai lu la fiche Wikipédia de Franck Spengler, dont je vous ai déjà parlé.
Pour ceux qui ne me suivent pas régulièrement, Franck Spengler est le fondateur des Editions Blanche, maison qui m’a intéressé dès 2011, lorsque j’ai tenté pour la première fois de faire publier Dominant, la première version de Ma soumise, mon amour. Il se trouve que sa fiche Wikipédia précise que sa mère est Régine Deforges.
Sur le coup, compte tenu du fait que la mère était écrivain, la passion de son fils pour le monde de l’édition s’éclairait de racines familiales.
Cela dit, je ne suis pas allé plus loin, jusqu’à ce que je recontacte Franck Spengler récemment, alors que j’écrivais l’article à propos du roman Dolorosa soror, de Florence Dugas, qu’il a édité en 1996. Alors la curiosité m’a poussé à en apprendre plus sur Régine Deforges, et c’est ce que j’ai découvert qui me pousse aujourd’hui à vous parler d’elle.

Une injustice féconde

Régine Deforges a été romancière et éditrice, et elle a exercé plusieurs autres métiers : libraire, relieur, scénariste et réalisatrice.

 

Un événement en particulier va marquer sa vie.
Quand elle a 15 ans, un amoureux éconduit lui vole son journal intime, où elle a écrit les sentiments qu’elle nourrissait pour une fille de son âge. Cela provoque un scandale qui lui coûtera l’opprobre, et sa place dans l’institution catholique où elle étudiait. Et surtout, on la force à brûler ses autres cahiers.
La malhonnêteté du garçon malheureux ne lui a sûrement pas fait plaisir, mais j’imagine aisément que c’est l’ingérence des adultes qui va provoquer le choc le plus violent.
Wikipédia rapporte d’ailleurs un extrait de l’article Chez Régine du Nouvel Observateur, du 3 octobre 2013 : « J’ai obéi, jeté dans le poêle ce qui me tenait le plus à cœur. Ma vie intime s’envolait en fumée. J’ai décidé que je me vengerais, sans savoir comment. »

 

Elle est alors adolescente, l’âge auquel se forment nos grandes idées, nos idéaux, ceux qui sont susceptibles de donner une orientation à toute notre vie, pour peu qu’on leur reste fidèle.
L’acharnement des bien-pensants ne vont pas la détruire. Comme bien souvent, l’étroitesse d’esprit des puritains n’aura aucune prise sur la libre penseuse qu’est déjà Régine Deforges, et je pense que cet épisode aura exactement l’effet inverse que ce qui était attendu par ceux qui ont voulu lui imposer une vision sclérosée du monde. Alors que ses idées étaient circonscrites à son journal intime, ils vont faire d’elle un défenseur acharné de la littérature érotique, chose qui ne serait peut-être pas arrivée si l’on n’avait pas stimulé efficacement son appétit pour la liberté d’expression.
Je remercie donc les fâcheux qui ont donné à Régine Deforges une force incomparable. C’est toujours un amusement, pour moi, de voir qu’ils ne comprennent pas qu’en agissant comme ils le font, ils se tirent toujours une balle dans le pied, en créant eux-mêmes la meilleure des publicités pour les idées qu’ils veulent enterrer.
Par ailleurs, cela n’aura probablement pas d’impact sur la relation qu’elle a eue avec la jeune fille dont elle parlait dans son journal, puisque, plus tard, cette même jeune fille, devenue femme, travaillera dans sa maison d’édition.

Son parcours professionnel

Elle a ouvert plusieurs librairies, et devient la première éditrice française en 1968, à 33 ans, avec sa maison baptisée L’Or du temps.
Le premier livre qu’elle publie est un récit érotique de Louis Aragon de 1927, qu’elle réédite alors sous le titre Irène, probablement afin d’éviter la censure. La première édition est saisie car elle ne précise pas le nom de l’auteur, ce qui donne clairement l’impression que c’est une fausse excuse, puisqu’après avoir répondu aux injonctions du parquet, la seconde édition sera également saisie au motif du contenu érotique.
Régine Deforges sera par la suite condamnée pour outrages aux bonnes mœurs, et ses droits civiques lui seront retirés pour trois ans.
Cela ne l’arrêtera pas, car elle publiera d’autres ouvrages de ce genre, jusqu’à ce que les nombreux procès qu’on lui intentera, et les amendes qu’elle devra payer, lui fassent déposer le bilan.
Cela ne l’empêchera pas, entre autres, d’être présidente de la Société des gens de lettres, et membre du jury du prix Femina.

 

Son parcours me rappelle celui Pauline Réage, même si cette dernière a choisi de rester dans l’anonymat jusque tard, préférant se protéger de cette façon. Jean-Jacques Pauvert, son éditeur, essuiera les attaques à sa place, pour la publication d’Histoire d’O en 1954.
Cet homme sera d’ailleurs le père du deuxième enfant de Régine Deforges.

 

Les liens

 

– Page wikipedia de Franck Spengler : https://fr.wikipedia.org/wiki/Franck_Spengler

– Page wikipedia de Régine Desforges : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gine_Deforges

 

Notre histoire :

 

La série Maître et soumise, leur histoire est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 2 sont déjà parus :

 

Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

 

Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/

 

Ma soumise, mon amour, Tome 2 sortira en décembre 2023
Mon Maître, mon amour, Tome 2 sortira en juin 2024.

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