Steve Haldeman

Les fantasmes

Vous pouvez lire l’article, ou le découvrir en version audio avec le lecteur ci-dessous. Il est également disponible en vidéo sur ma chaîne YouTube (lien dans le menu), et prochainement sur toutes les plates-formes de Podcast.

Dans Maître et soumise j’ai mis un certain nombre de mes fantasmes. C’était plus une conséquence qu’un but en soi, mais j’ai trouvé ça très agréable à écrire. Alors, j’ai eu envie de faire un article sur ce sujet.

Les fantasmes.

D’abord, de quoi parle-t-on ?

La psychanalyse nous dit que le fantasme est une construction imaginaire, consciente ou inconsciente, permettant au sujet qui s’y met en scène, d’exprimer et de satisfaire un désir plus ou moins refoulé, de surmonter une angoisse.

N’étant pas Freud, je vais laisser de côté l’aspect inconscient des fantasmes, parce que nous n’avons aucun contrôle dessus. Et parce que je préfère rester léger, je ne parlerai que de ces situations que nous imaginons parce qu’elles nous excitent.

Si je désire parler de ce sujet, c’est aussi parce que les médias, surtout ceux qui s’adressent aux femmes, sont pleins d’articles qui en parlent. Mais malheureusement, c’est toujours traité avec une certaine décence, voire avec pudibonderie. Or s’il y a bien un domaine où il faut cesser d’être inutilement pudique, c’est bien celui-là !

Pour ce que j’ai pu lire, les chroniqueurs ou chroniqueuses vous demandent si vous devez vous inquiéter de vos fantasmes, et parfois ils suggèrent d’y voir une signification.

Les sujets abordés restent bien souvent les mêmes. Cela tourne autour de faire l’amour avec son patron, dans un avion, dans un magasin, avec un inconnu, avec deux hommes, avec une star, dans la nature, etc. La bisexualité est parfois citée, et on trouve aussi un soupçon de domination. Mais de mon point de vue, cela reste affreusement banal.

Attention ! Je ne dis pas que réaliser effectivement ces pratiques soit banal, mais si mes fantasmes devaient se limiter à ça, je les trouverais déprimants.

Pourquoi ? Reprenons la définition. Dans un fantasme, c’est l’imaginaire qui est aux commandes ! Et il s’agit aussi de satisfaire un désir refoulé ! Parmi eux, il y a ceux que l’on a envie de réaliser, et qui finiront effectivement par enrichir notre expérience. Et puis il y a tous les autres. Tous ces désirs que l’on ne peut pas, ou que l’on ne veut pas, ou que l’on n’a tout bonnement pas le droit de satisfaire réellement !

Pour vous, je ne sais pas, mais en ce qui me concerne, ces derniers sont très largement majoritaires !

Parlons d’abord de notre imagination.

L’avantage, c’est qu’elle n’a pas de limite. Et cela peut donner des choses insolites et amusantes. Pour preuve, vous pouvez consulter cet article du magazine Elle :

https://www.elle.fr/Love-Sexe/Sexualite/Dossiers/Le-top-10-des-fantasmes-les-plus-etranges-2650691

Vous êtes excité(e) à la vue de l’ail ? Vos beaux-parents vous font de l’effet ? Ou bien vous attendez patiemment les vœux du Président chaque année ? Vous n’êtes peut-être pas les seuls !

Ces fantasmes peuvent paraître étranges, mais vous êtes dans votre tête. Rien ne vous empêche d’être excité par telle ou telle chose, et peu importe que cela puisse paraître étonnant pour les autres, ni même choquant ! Je pense que l’on devrait tous se sentir libre d’éprouver de l’excitation pour ce qui nous plait. D’ailleurs, je pense que dans la plupart des cas, ce qui nous excite n’est pas librement choisi.

Pour appuyer cette idée, je peux dire que je suis hétérosexuel et je n’ai pas choisi de l’être. En conséquence, la vue des rondeurs féminines peut m’exciter, et pas les formes masculines. De la même façon, même si c’est probablement plus lié à mon histoire personnelle, je n’ai pas vraiment choisi d’être sensible aux cheveux roux, ou verts…

Cela dit, les fantasmes évoqués jusqu’ici restent dans le domaine du politiquement correct. Mais parfois on a des rêves plus déconcertants.

Et là, il s’agit vraiment de satisfaire un désir refoulé.

Comme de nombreuses femmes, je suis sensible au fantasme du viol.

Pour ce que j’en sais, elles imaginent une situation scénarisée où le viol peut avoir quelque chose d’excitant. C’est un fantasme répandu. Moi, j’ai longtemps imaginé des scènes où forcer une femme était éminemment érotique.

Alors évidemment, dit comme cela, ça peut paraître choquant. Mais il ne faut pas perdre de vue que dans mon esprit, la scène dont je parle se passerait bien, si j’ose dire. Ma « victime » me trouverait trop entreprenant, mais elle serait hypnotisée par mon charme ravageur. Elle pleurerait, mais son mascara ne coulerait pas partout. Elle crierait et se débattrait, mais mollement. Je lui donnerais bien plus de plaisir que je ne lui ferais mal, et puis elle serait très vite sous mon charme. Même si ça n’a aucune logique, peu après l’avoir coincée dans un endroit évidemment magnifique, elle aurait tellement de plaisir qu’elle serait honteuse d’avoir voulu résister. Suite à quoi elle serait incapable de ne pas me poursuivre pour que je la « viole » encore. Encore et encore…

Ce fantasme, je le trouve très efficace sur ma libido. Pourtant, maintenant que je l’ai couché sur le papier, il a l’air un peu ridicule. Cela ferait un scénario complètement pourri et pourtant, si on y réfléchit bien, ce doit être un fantasme que je partage avec beaucoup d’hommes, parce qu’on le retrouve plus ou moins dans tellement de livres et de films !

Des fantasmes, on en a aussi des biens plus intimes, et ceux-là comptent peut-être plus que les autres. Ils sont plus personnels, parce que plus fantasmagoriques et extrêmes aussi. On ose moins en parler parce qu’on a peur d’être jugé, peur que les autres pensent qu’on n’est pas bien net, que cela cache un désir de passage à l’acte, ce qui n’a pourtant rien à voir.

 

Dans le genre potentiellement perturbant, j’avais un autre fantasme bien trash au début de l’adolescence, qui m’est venu en regardant Cat’s Eyes. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un dessin animé qui mettait en scène trois sœurs voleuses, Sylvia, Tam et Alex, qui désiraient récupérer les tableaux peints par leur défunt père. Douées, elles se payaient le luxe de prévenir systématiquement les autorités des vols qu’elles allaient commettre, et elles s’en sortaient toujours sans égratignure. Tam, l’héroïne principale de l’histoire, était amoureuse de Quentin, un policier honnête et un peu benêt. Il passait sa vie à courir après les voleuses et en particulier après sa fiancée, sans jamais la reconnaître.

Les trois sœurs étaient dotées d’une plastique avantageuse, et commettaient leur forfait en tenue moulante et sexy. La combinaison de la fameuse Tam était franchement décolletée, du moins pour les critères de l’époque. Parce que maintenant, dans le décolleté de certaines femmes, on pourrait observer aussi bien leurs seins que leurs pieds…

En résumé, ce dessin animé était déjà un condensé de fantasmes de ses auteurs !

Vous l’aurez deviné, du haut de mes 13 ou 14 ans, j’étais sensible aux charmes de la demoiselle animée, qui a fait un temps partie de mes rêves éveillés.

Parce que me projeter avec elle ne me suffisait pas, et qu’elle était agile comme une chatte, j’ai fini par imaginer que je pourrais lui casser un bras et une jambe, sous prétexte de la sauver des risques qu’elle prenait, et afin de l’avoir pour moi tout seul. Et ce fantasme était très précis car allez savoir pourquoi, le bras et la jambe cassés ne devaient pas l’être du même côté. Dans mon souvenir, c’était plus esthétique…

Le pire, c’est que pour moi tout cela était très romantique, et je ne profitais même pas de la situation pour obtenir les faveurs de la belle. C’était presque platonique, et pourtant qu’est-ce que c’était efficace !

Certains pourraient se dire que ces rêves étaient le reflet d’une personne perturbée, aux pulsions de domination malsaine. Mais ça n’a rien à voir. Pourquoi se limiter à ce qui est moralement acceptable quand la seule limite, c’est notre imagination ?

 

Après avoir lu ces lignes, certains pourraient se souvenir que j’ai écrit le roman Maître et soumise. Et ils pourraient se dire que les fantasmes que j’ai exposés sont symptomatiques des mêmes défauts que ceux de mon personnage principal. A ces lecteurs, je répondrais ceci : si j’ai des fantasmes de domination assez aboutis, j’ai aussi les fantasmes inverses. Les figures féminines dominantes ne me laissent pas de marbre, et ce que j’invente comme situation pour faire écho à ces pulsions est aussi poussé et précis que dans les situations inverses.

Et pourtant, la femme qui me fera ramper n’est pas née…

 

Mes sources :

Définition du fantasme : https://www.cnrtl.fr/definition/fantasme

 

Mon livre : Ma soumise, mon amour, T1

version numérique : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/

version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

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