Steve Haldeman

La jument, d’Esparbec

La jument, d'Esparbec

Vous pouvez lire l’article, ou le découvrir en version audio avec le lecteur ci-dessous. Il est également disponible en vidéo sur ma chaîne YouTube (lien dans le menu), et prochainement sur toutes les plates-formes de Podcast.

En 2007, quand je commence la rédaction de Ma soumise, mon amour, sous le titre temporaire Dominant, et alors que mon épouse n’a pas encore décidé d’en écrire la version du point de vue de l’héroïne, je décide qu’il serait utile de lire un certain nombre de romans du même type, afin d’avoir une idée de la réelle originalité de ce que je veux raconter.

C’est à ce moment qu’on me conseille Dolorosa soror, qu’on me prête, et à propos duquel j’ai déjà fait un article. J’en achète d’autres, en me concentrant sur ceux qui se passent dans un univers BDSM, parmi lesquels figurent Frappe-moi, de Mélanie Müller, et Entre ses mains, de Marthe Blau.

Mais alors que je passe ma commande, un autre livre attire mon attention, c’est La jument, que j’achète aussi.

 

La couverture m’a attiré pour deux raisons.

D’abord, le titre. Ce terme de jument évoque des fantasmes d’animalisation qui me parlent.

Et puis surtout, j’ai envie de voir ce que peut être un roman ouvertement pornographique. Ce que je veux dire par là, c’est que la couverture de la Jument l’affiche clairement. Roman pornographique, c’est en quelque sorte le sous-titre de l’œuvre.

Alors que j’hésitais, je me disais que même si ça ne correspondait pas, a priori, à ce que je voulais écrire, cela pouvait être intéressant de voir ce que pouvait donner un roman écrit avant tout pour exciter ses lecteurs. C’était la promesse faite par la quatrième de couverture. Je vous laisse en juger par vous-mêmes, en voici le texte :

 

Rien ne prédestinait Mélanie à devenir une « jument », aucune anomalie génétique, en tout cas : c’était une femme comme tant d’autres, qui s’ennuyait et ne savait trop quoi faire de sa peau. Après avoir couché avec les maris de toutes ses amies, la jeune épouse de Me de Challonges décide, pour se changer les idées et « se donner un peu de mouvement », de faire de l’équitation. Un beau matin, après avoir accompagné ses enfants à l’école, elle se rend à l’écurie d’Hugo von P., le maître du manège. Mais là, notre apprentie Messaline va vite s’apercevoir qu’on dresse deux sortes de juments. Toutes ne servent pas de montures aux mêmes cavaliers…

Dans l’odeur du cuir, du stupre et du crottin, un Esparbec pur et dur de la meilleure cuvée.

 

En l’achetant, j’espérais passer un bon moment, et voir ce qui se fait dans ce domaine. Je m’attendais à une histoire pas forcément extraordinaire, mais suffisante pour amener élégamment les scènes de débauche promises. Et l’élégance était importante pour moi, du moins l’absence de vulgarité, qui a tendance à me laisser froid, comme beaucoup de monde.

Je n’ai pas été déçu !

 

Le livre n’est pas vulgaire, même si par moments, l’auteur donne l’impression qu’il n’en est pas loin. Le titre du chapitre 4 : Idylle (Touche-pipi ?), ne m’a pas fait rêver, et deux autres, Offerte aux lads, et Blanches fesses et les sept lads, m’ont fait penser à des titres de film porno aux scénarios limités.

Mais en fin de compte, il s’agissait d’exceptions.

Qui plus est, même si le ton général du roman reste très léger, Esparbec narre une relation de domination scabreuse, consentie et justifiée par l’ennui du personnage principal. Je n’y ai pas été insensible.

En pensant à cet article, je me suis dit que La jument n’est pas un chef-d’œuvre. Esparbec est d’ailleurs un écrivain prolifique, qui a écrit une centaine de romans de gare. C’est ainsi qu’on qualifie les livres qui sont en général distrayants mais superficiels dans leur approche. C’est un genre à part qui a des atouts, mais dans lequel, de ce fait, on trouve peu d’histoires marquantes, parce que l’auteur ne s’est pas embarrassé avec les vraisemblances.

Je dirais que La Jument est de ce type, dans un registre pornographique attrayant. C’est excitant, vraiment, du moins c’est efficace pour moi, et ça se lit facilement. Mais ce n’est pas de la trempe d’un chef d’œuvre à la Histoire d’O.

Mon impression personnelle, c’était donc que le livre était à la hauteur de sa promesse, avec un bémol cependant. J’ai été déçu par la toute fin de l’ouvrage, qui m’a donné l’impression que l’auteur était pressé d’en finir. Mais bon. Après avoir lu 285 pages en tenant le livre d’une main, je n’en étais plus à renier le plaisir que j’y avais pris.

 

Des romans pornographiques, Esparbec en a écrit d’autres, aux éditions La Musardine, et tous ont des titres qui annoncent plus ou moins la couleur.

Le pornographe et ses modèles, 1998

La pharmacienne, 2003, traduit en espagnol

La foire aux cochons, 2003

Les mains baladeuses, 2004

Amour et popotin, 2005

Le goût du péché, 2006

Monsieur est servi, 2007

Frotti-frotta, 2011

L’esclave de Monsieur Solal, 2018

 

Cette liste n’est pas exhaustive, et d’après ce que j’ai compris, sans vérifier, ses romans de gare comprennent aussi des scènes de sexe. Peut-être à l’image de la série de romans d’espionnage SAS de Gérard de Villiers. Si vous en savez plus, je serais ravi que vous m’en fassiez part en commentaire.

En tous les cas Esparbec en a écrit au moins onze, aux Éditions La Musardine, mais il n’y en aura plus de nouveau, car il est décédé en 2020.

 

Pour finir, je souhaite attirer votre attention sur une citation attribuée à cet auteur, sur la page wikipedia qui lui est consacrée.

« Il y a de bons polars, de bons bouquins de SF, pourquoi pas de bons pornos ? Pourquoi la pornographie devrait-elle être laissée à des écrivains de second ordre ? Dénués de talent ? Pourquoi la vouer aux poubelles de la littérature, aux sex-shops ? »

 

– Page wikipedia de l’auteur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Esparbec

 

Mon livre : Ma soumise, mon amour, T1

version numérique : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/

version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

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