L'homosexualité vue par un hétérosexuel
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J’ai écrit l’article The L word comme une introduction à celui-ci. Il n’est pas indispensable de le lire, mais cela donnera déjà un aperçu de mon point de vue. Dans cette optique, lire l’article Le plaisir anal masculin pourra également s’avérer utile.
S’affranchir de l’hostilité de principe.
Tout d’abord, je dois dire que la vision que j’ai aujourd’hui de l’homosexualité résulte d’une réflexion qui s’est faite tout au long de ma vie, chaque expérience, chaque observation m’ayant amené à réviser mes points de vue. Et ce pour plusieurs raisons :
– Tout d’abord, je ne suis pas homosexuel, je ne suis même pas bisexuel. C’est donc une sexualité qui m’est étrangère. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que l’idée que je m’en fais soit imparfaite.
– Ensuite, j’ai vécu dans un monde où l’homosexualité était méprisée. Du moins, elle était méprisée ou moquée par beaucoup de ceux qui en parlaient. Et c’était le cas aussi bien dans les médias que dans la société tout entière. Il y avait ceux qui en parlaient d’une façon négative, et ceux qui ne disaient rien, qu’ils soient respectueux ou pas. Au milieu de ce brouhaha, ou de ce silence assourdissant, les rares voix qui s’élevaient pour affirmer le droit aux homosexuels d’être à la fois différents et égaux aux autres étaient inaudibles. C’était vrai en particulier dans mon enfance, où l’insulte « pédé » était monnaie courante. Au sein même de ma famille, même si je suis persuadé que personne n’aurait jamais fait de mal à un de ces « pédés », l’insulte servait de ponctuation aux réprimandes concernant un comportement qui paraissait trop peu viril, de la même façon qu’on qualifiait les ouvrages bâclés de « travail d’arabe ».
En conséquence, et malheureusement pour les principaux concernés, acquérir un point de vue objectif sur l’homosexualité et les homosexuels a nécessité, pour ma part, de s’affranchir d’une culture qui avait eu pour effet de les déprécier.
L’absence de chiffre
Il y a une chose qui m’a toujours marqué, c’est que les gays sont, dans la vie de tous les jours, quasiment invisibles. On ne les voit pas dans la rue, sauf cas particulier. Cela donne l’impression qu’ils sont très peu nombreux, même si en réalité, on imagine bien qu’ils se cachent. Mais, pour un enfant en particulier, quand on se cache, c’est qu’on fait quelque chose de répréhensible. Donc dès le début, cela n’aide pas à se construire une vision normale et saine de l’homosexualité.
À l’inverse, dans les médias, ils m’ont toujours donné l’impression d’être omniprésents. Il ne se passe jamais longtemps avant qu’on parle du coming out d’une personnalité ou d’une autre, et la plupart des fictions donnent l’impression qu’elles intègrent au moins un gay ou une lesbienne dans leur casting. Cela donne l’impression qu’ils servent de faire-valoir « homo friendly » pour les personnages principaux, qui, eux, ne sont jamais homosexuels.
J’ai donc souvent constaté cette différence entre la « vraie vie », et les médias, ce qui donne parfois l’impression d’une mainmise des homos, à la télévision en particulier, et qui leur vaut parfois des reproches infondés, voire des théories de la conspiration qui ne reposent sur aucun chiffre.
Car en réalité, qui connaît vraiment la proportion de la population qui est homosexuelle ?
Il existe un article qui y est dédié sur Wikipédia. Et de sa lecture, j’ai pu tirer quelques conclusions. D’abord les chiffres sont très variables selon les pays, selon l’année, et selon la façon dont les données ont été collectées. Par ailleurs, ils sont sujets à caution, car ils ne reposent que sur des déclarations, par essence non vérifiables.
Les chiffres annoncés sont également très différents d’une étude à l’autre. Un certain nombre de biais ont été observés qui peuvent l’expliquer. Par exemple, outre la tendance que peuvent avoir certaines personnes à mentir sur leur orientation sexuelle lors des enquêtes, il a été déterminé que de nombreux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, pas forcément de façon exclusive, ne se considèrent pas eux-mêmes comme gays.
Faire une synthèse des données de ces différentes études est compliqué. Néanmoins, on peut retenir que la réalité se situe probablement dans une fourchette très large, allant de 1% à 10% de la population. Il y a de fortes variations d’un pays à l’autre, mais cela peut être lié à des niveaux d’homophobie très différents. Et c’est bien normal, car il y a plus de 70 pays dans le monde où l’homosexualité est punie par la loi, parfois par des peines de prison à perpétuité ou par la peine de mort. Sans aller jusque-là, il parait évident que les Indiens vont avoir du mal à répondre honnêtement à la moindre enquête pendant encore bien des années, puisque leur Cour Suprême n’a dépénalisé l’homosexualité qu’en 2018, et que les mœurs changent très lentement.
L’article permet aussi de se rendre compte d’une information capitale, c’est que la dichotomie homosexuelle/hétérosexuelle n’est absolument pas représentative de la population. À titre d’exemple, l’une des études les plus connues a conclu que 37% des hommes américains avaient atteint l’orgasme au moins une fois par le contact avec un autre mâle, après l’adolescence. Ce chiffre tombe à 13% en ce qui concerne les femmes. Et pourtant, cela ne fait pas d’eux des homosexuels.
Ces études montrent donc que la sexualité est une affaire qui dépasse largement les stéréotypes qu’on veut lui attribuer, la curiosité pouvant amener à essayer diverses pratiques au cours d’une vie, sans pour autant qu’on puisse en déduire des comportements permanents, ni même qu’on puisse considérer qu’une pratique durable sera choisie définitivement.
La Gay Pride, un événement difficile à comprendre.
La Marche des fiertés, que j’ai connue initialement sous le nom Gay Pride, est un événement qui m’a longtemps laissé dubitatif pour plusieurs raisons.
La première est liée à ma vision de cette fierté que j’ai longtemps trouvée déplacée. J’ai toujours estimé que l’on ne devrait pas être fier de quelque chose qu’on n’a pas vraiment choisi. Il me semble que l’orientation sexuelle et l’identité de genre, c’est quelque chose qui nous habite, et sur laquelle notre volonté n’a pas beaucoup de prise. Je me trouverais stupide, par exemple, si je disais que je suis fier d’être un homme, car en vérité, qu’est-ce que j’y peux ? En conséquence, j’ai longtemps trouvé que revendiquer son orientation sexuelle et l’afficher fièrement avait quelque chose de ridicule.
Mais je pense qu’on pourrait me répondre que c’est bien une réflexion d’hétéro cisgenre, et ce serait justifié. Car je suis aussi dans une situation confortable.
Pour m’assumer en tant que mâle hétérosexuel en France, je n’ai pas eu beaucoup d’efforts à faire, dans la mesure où j’appartiens à la majorité de la population et que mon orientation sexuelle n’est pas moquée.
En revanche, si j’avais été gay, j’aurais probablement eu plus de mal. Et je me serais retrouvé dans une situation où j’aurais dû faire le choix entre assumer publiquement ma différence, ou la cacher, et faire semblant d’être quelqu’un que je n’étais pas. Dans ce cas, je crois qu’on peut dire que les participants à une Marche des fiertés ont raison, non pas d’être fiers de ce qu’ils sont, mais d’être fiers de l’assumer publiquement.
La deuxième chose qui me rebutait dans ces défilés, est lié au nom initial qu’on lui donnait, à savoir Gay Pride, qui m’a longtemps induit en erreur.
Plus jeune, je m’étais imaginé que ces défilés ne comportaient que des gays et des sympathisants. Or il y a toujours eu, parmi eux, des personnages très exubérants qui, selon moi, contribuaient à reproduire les stéréotypes un temps propagés par des films du type La cage aux folles. Or, sans en avoir de preuve, je me suis toujours imaginé que la majorité des homosexuels ne devaient pas être aussi caricaturaux, mais cet événement, et les images qui étaient véhiculées par les médias, mettaient à mal cette certitude.
Ce que j’ai appris plus tard, c’est qu’il ne s’agissait pas simplement des gays, mais de toute la communautés LGBT ou LGBTQIA+. D’ailleurs, je dois dire qu’une partie de ce que j’ai appris au sujet de ce sigle, l’a été en riant, devant un sketch des Duo de l’impossible, dont je vous mets le lien en commentaire.
Réalisant cela, je me suis aperçu que les participants les plus voyants devaient être autre chose que gays, et que dans mon esprit je les avais tous assimilés à des gays, en partie parce que je ne m’étais pas renseigné plus que cela, n’étant pas concerné et pas vraiment intéressé.
La troisième chose qui me laissait un peu étranger à cet événement, était le côté très voyant dont j’ai déjà parlé. Ce carnaval baroque ne me correspondait pas, j’avais l’impression qu’il s’agissait de personnes très différentes de moi, indépendamment de leur orientation sexuelle, et cette exubérance a longtemps été associée dans mon esprit à des comportements marginaux, comme la consommation de stupéfiants par exemple.
En conséquence, le but de cette marche, qui consiste à donner une visibilité à ces minorités, a pu jouer contre eux. Car les Drag Queens on les voit, c’est sûr, mais le spectateur moyen que j’étais s’est longtemps demandé ce qui pouvait amener les gens à se comporter de la sorte.
Cela dit, même après avoir exposé ces raisons qui me faisaient voir cet événement comme une forme de communication imparfaite, je reste convaincu que c’est une excellente initiative de la communauté LGBT. Elle permet de leur donner une visibilité dont ils ont besoin.
J’ai parlé, dans un article précédent, de la série The L word, et j’ai dit qu’il s’agissait d’un terme tabou désignant les lesbiennes.
En écrivant cet article, je me suis rendu compte qu’il ne serait venu à l’esprit de personne d’intituler une série The H word, pour les hétérosexuels. Tout bonnement parce qu’on ne parle pas de ces gens-là en précisant leur orientation sexuelle. On parle de Michel, de Françoise ou de Louna. On les appelle par leur nom, ce qui montre bien que ceux qui n’ont pas l’orientation sexuelle dominante sont marqués par leur différence. Dans l’esprit des gens, et même si ce n’est pas volontairement blessant, deux femmes qui s’embrassent dans la rue seront catégorisées « lesbiennes » avant qu’on se demande comment elles s’appellent. Alors que si j’embrasse ma femme dans la rue, personne ne pensera « Tiens ! Il est hétéro celui-là ». Compte tenu de cela, il n’est pas étonnant que certains homosexuels revendiquent leur sexualité et qu’ils aient même un drapeau : Ils n’ont pas le choix !
Qu’est-ce qui déplaît chez les gays
Les gays sont susceptibles de rebuter certaines personnes. C’est désagréable à lire si vous en êtes un, je l’imagine aisément, mais c’est la réalité. Je pense que si ce n’est pas souvent dit, c’est parce que ce n’est pas politiquement correct, et que ça peut blesser. Mais ne pas voir la réalité en face, c’est s’exposer à l’ignorance. Se mettre la tête dans le sable, c’est toujours une mauvaise idée.
Pour ma part, et avec le temps, j’ai identifié ce qui me rebute vraiment chez les homosexuels. C’est le fait de les voir s’embrasser. Et plus précisément, c’est le fait de voir deux hommes à l’apparence bien masculine s’embrasser. C’est la barbe, la moustache, l’impression que ça doit être rugueux, la salive au milieu de tout ça. Cela va à l’encontre de ce que je trouve beau, de ma perception de ce qui est sensuel. Et comme je suis un homme, les voir s’embrasser me force inconsciemment, en quelque sorte, à me projeter dans ce rôle, et à éprouver l’écœurement que ça me procurerait. Je ne sais pas si c’est aussi le cas d’autres hommes, mais j’imagine que le mécanisme psychologique est un peu le même que celui qui est à l’œuvre quand on s’identifie au héros d’un roman.
À côté de ça, me projeter dans d’autres situations me dérange beaucoup moins. Par exemple, m’imaginer sodomiser un homme ne me fait pas grand-chose, ni même être sodomisé. Je ne dis pas que l’idée me plaît, mais elle ne provoque pas le dégoût que m’inspire l’idée d’embrasser un autre homme. J’aurais un peu plus de mal avec la fellation.
J’en ai parlé avec mon épouse, Rose, et elle, ce qui la dérange, ce n’est pas le baiser, mais la sodomie. L’idée qu’un homme puisse être sodomisé, par un homme ou une femme, entre en conflit avec l’idée qu’elle se fait des hommes. De la même façon, elle est dérangée par les hommes maniérés.
Maintenant que j’ai écrit cela, je désire être très clair. Les gays font ce qu’ils veulent, et ils ont bien raison. Ce qu’ils m’inspirent ne devrait pas compter pour eux, et peut-être certains d’entre eux éprouvent la même gêne quand ils voient des hétéros en action. Ou peut-être sont-ils globalement indifférents.
En tous les cas, que j’ai du mal à les voir s’embrasser, ce n’est pas leur problème, c’est le mien.
Par ailleurs, je crois que je serais bien moins gêné, et que je n’éprouverais pas ce que j’éprouve, s’ils ne se cachaient pas. Ce serait plus habituel pour moi, et ça entrerait dans ce que je considère comme banal, comme habituel. Du coup, ça ne me ferait probablement plus rien. Mais là encore, je ne vais pas leur jeter la pierre, car il y a des agressions homophobes, alors qu’à ma connaissance, je n’ai jamais entendu parler d’agression hétérophobe.
Ce qui me fait réagir chez les lesbiennes.
L’homosexualité féminine me fait réagir aussi, mais très différemment.
D’une façon générale, et quelle que soit l’attitude ou les pratiques, elles m’excitent. Et ça n’a rien d’étonnant, car je suis hétérosexuel et il s’agit de femmes.
C’est dans un livre que j’ai trouvé la meilleure explication de ce qui peut perturber les hommes dans l’homosexualité féminine. Il s’agit du roman de Joe Haldeman, La guerre éternelle. Le héros se trouve confronté à l’évolution des mœurs au cours des siècles, qui change la donne pour les hétérosexuels car ils deviennent minoritaires, alors que l’homosexualité devient la norme.
En observant cela, et en voyant les couples lesbiens dans son équipage, le héros indique qu’il voit ces relations lesbiennes comme des pertes de partenaires potentiels, quand bien même il n’envisage pas de sortir effectivement avec ces femmes.
Et le fait est que lorsque je vois des lesbiennes, je me sens en quelque sorte rejeté. Je sais que je ne pourrai jamais faire partie de leur monde.
Pour terminer, je dirais que les homosexuels pâtiront toujours du fait qu’ils soient en minorité. Mais cela fait aussi leur force. Car plus on persécute une minorité et plus elle en sort renforcée.
En particulier, il est de notoriété publique que les homosexuels sont plus diplômés, et qu’ils disposent de revenus plus élevés que la moyenne, même si certaines études tendant à prouver qu’ils sont plus discriminés et qu’ils gagnent moins que les autres à compétences équivalentes. Est-ce vrai ? Je ne sais pas. Mais quand on habitue les gens à se défendre, il ne faut pas s’étonner qu’ils aient plus de force que les autres, et qu’en conséquence ils soient mieux armés face aux difficultés de la vie.
En tout cas ce qui est sûr, c’est qu’ils sont libres de charges familiales (dans la majorité des cas), ce qui leur donne un pouvoir économique supérieur à la moyenne.
Les liens
– La page wikipedia concernant les statistiques démographiques sur l’orientation sexuelle : https://fr.wikipedia.org/wiki/Statistiques_d%C3%A9mographiques_sur_l%27orientation_sexuelle
– sketch des Duo de l’impossible : https://www.youtube.com/watch?v=Nvg2-mJr4Hw
Notre histoire :
La série Maître et soumise, leur histoire est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 2 sont déjà parus :
Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/
Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/
Ma soumise, mon amour, Tome 2 sortira en décembre 2023
Mon Maître, mon amour, Tome 2 sortira en juin 2024.