Steve Haldeman

La féminisation

La féminisation

Vous pouvez lire l’article, ou le découvrir en version audio avec le lecteur ci-dessous. Il est également disponible en vidéo sur ma chaîne YouTube (lien dans le menu), et sur toutes les plates-formes de Podcast.

La féminisation, c’est l’action de donner un caractère féminin ou efféminé. C’est une pratique relativement courante dans le BDSM, en particulier chez les hommes soumis.
C’est aussi une pratique qui draine son lot d’idées reçues, la féminisation étant souvent assimilée à l’homosexualité. Et ça peut se comprendre. Quand un homme aspire à prendre une apparence féminine, pour les autres les repères sont brouillés. On se demande par qui il est attiré, et ce que ça change dans son comportement, dans son identité sexuelle.
Pour aborder ce sujet, j’ai fait appel à ceux qui connaissent mieux cette pratique que moi.
 
Julie-Anne de Sée
 
La première personne qui a répondu à mon invitation, c’est Julie-Anne de Sée, en sa qualité d’auteure de l’essai « Je Même en elle ». Elle s’y interroge sur les questions de genre, en particulier sur ces hommes qui, en se féminisant, « oscillent entre deux genres »
Dans un instant vous pourrez écouter le témoignage écrit qu’elle m’a fait parvenir, lu par Rose, ou bien vous pourrez en lire le texte ci-dessous.
 
 
Après avoir publié romans et recueils de nouvelles érotiques, fait une incursion dans l’univers BDSM en prêtant ma plume à Patrick Le Sage, je me suis intéressée à certains phénomènes sociétaux marginaux. 
Cela m’a amenée à effectuer des recherches, tant en bibliothèque que sur « le terrain » pour me tourner vers l’essai. Tout d’abord, le BDSM, en explorant la soumission masculine, puis, la question du genre, plus particulièrement les hommes qui se féminisent.
Quand Vera Mar et moi avons écrit notre essai Paysages de la soumission masculine, nous sommes parties d’un constat : traditionnellement associée à la gent féminine, la soumission séduit aussi de nombreux hommes. Cette posture psychologique, si contraire à celle usuellement attribuée aux mâles, comporte de nombreuses facettes. 
Nous en avons exploré deux, à l’aune d’observations faites sur terrain : la vénération et le masochisme. Autour de ces deux axes, nous avons interrogé les motivations, les fantasmes, les désirs de ces hommes pour lesquels s’incliner devant une femme, parfois jusqu’à la dissolution temporaire de ses propres limites, est un besoin puissant, parfois irréfrénable. 
Sur le socle des témoignages de ces hommes soumis, nous avons tracé les contours de ce sujet, enrichissant nos observations à la lumière de la littérature, la psychanalyse, la sociologie et la science.
J’ai entrepris la même démarche en m’intéressant aux questions de genre. Depuis la parution du conte de fées moderne « 50 nuances de Grey », le BDSM est apparu comme un phénomène sociétal en pleine expansion. Cependant, il en est d’autres, tout aussi marginaux, dont les media se repaissent à l’envi, au point de se demander s’ils ne sont pas de simples effets de mode.
Telle a été la question que je me suis posée en préambule à la rédaction de « Je Même en Elle » : pourquoi le genre -et sa fluidité- a-t-il toujours été sujet et objet de préoccupations, de fantasmes, de tabous, voire de répression ?  
De l’antiquité à nos jours, de l’androgyne originel aux artistes se jouant des genres, le désir de devenir cet autre du genre qu’ils n’ont pas est incoercible chez les hommes qui se féminisent, ce en dépit de condamnations édictées au nom de la morale publique ou de l’éthique religieuse.
La fluidité de genre et la féminisation, trop souvent et injustement assimilée à l’homosexualité, serait-elle un constat de notre société hétéronormée, une « découverte » remise au goût du jour, ou bien a-t-elle toujours existé, parfois très sévèrement châtiée ? 
Dans de nombreux pays on peut être poursuivi, emprisonné, torturé pour oser affirmer « je m’aime en Elle ». Comme s’il fallait une preuve pour étayer ce propos, le Liban a interdit la projection du film Barbie, au motif qu’il montre une actrice transgenre, et de fait, promouvrait l’homosexualité ! Comme le Koweit et l’Algérie…
Il fallait donc interroger l’histoire, les religions, les mythes, la littérature, les arts et les sciences humaines afin de déblayer le terrain, avant d’aller à la rencontre de ces hommes qui se sentent femmes au point d’en endosser les atours, qu’ils soient purement de façade (le paraître) ou psychologiques (l’être).
Il apparaît alors que leur cheminement est long, difficile, semé d’embûches souvent infranchissables. Elles sont souvent liées à l’éducation, à l’entourage familial : 
« Si on savait, ce serait un casus belli » dit Caroline. Le milieu socio-professionnel, et au sens le plus large la société, sont peu enclins à la tolérance et à la bienveillance à l’égard de toute personne qui tente d’affirmer une différence.
 Clara est encore traumatisée par un passage à tabac dans un couloir de métro, Caroline rêve de pouvoir être libre à l’extérieur, mais doit se contenter de sa seule image spéculaire, dans le secret d’un lieu d’emprunt. À l’inverse, si Julie ose être elle-même et s’assumer tant dans la rue que sur les réseaux sociaux (autre miroir…), si Lady Maxx, la drag queen exubérante et décomplexée en joue dans ses spectacles, pour de nombreux hommes, cela reste une souffrance prégnante d’en être empêchés. 
Certains ont alors recours à des dominatrices spécialisées dans le milieu BDSM afin d’être féminisés et de pouvoir être vus et appréciés en tant que « femme » dans les soirées ou le temps d’une séance.  Parce que ce besoin de se sentir femme est irrépressible, il nécessite le travestissement qui permet la transformation pour pouvoir être assouvi, ne serait-ce que pour un court moment.
Il faut aussi rappeler qu’en 1905, les premiers psychanalystes parlent du travestissement en termes de désordre, comme le rappelle le sociologue Éric Massé :
« Pour Freud, la normalité et la maturité psychique de l’identité sexuée sont indexées sur la correspondance entre l’anatomie sexuelle et l’ordre symbolique. C’est pourquoi ils voient dans l’homosexualité une immaturité psychique consécutive à une psychogenèse inaboutie, c’est-à-dire n’ayant pu réaliser le passage normal d’une bisexualité enfantine à une hétérosexualité adulte. De ce point de vue, le travestisme et l’inversion d’identification de genre apparaissent comme des conduites délirantes de déni de l’homosexualité ».
Les tabous sont encore bien ancrés dans la conscience collective, et nombreux sont ceux qui associent systématiquement le travestissement au transgendérisme, au fétichisme sexuel ou encore à l’homosexualité. 
Oser affirmer en notre 21ème siècle « Je Même en Elle » est un vrai combat…
Julie-Anne de Sée
 
Lydia Parfois
 
La seconde personne qui a répondu à mon appel, par l’intermédiaire d’Ombre, c’est un de ces hommes qui se féminise, et qui a accepté de me parler de son expérience. Je le connais sous son pseudonyme féminin, Lydia Parfois.
Je dois dire qu’à l’occasion de cette interview, j’ai fait la connaissance d’une très belle personne, qui a eu la gentillesse de livrer un témoignage audio pour expliquer avec sensibilité et sans langue de bois pourquoi elle se féminise, alors que c’est un sujet difficile à aborder. Je vous propose d’écouter maintenant son témoignage, de grande qualité.
 
 
Lydia Parfois m’a proposé, afin de compléter son témoignage, de publier quelques photos d’elle, que vous pourrez trouver sur l’article afférent de mon site internet. L’une la représente au masculin, et trois autres au féminin.
Elle a aussi eu l’amabilité d’accepter qu’on puisse la joindre via son profil Facebook. Il est indiqué en lien. (Ok) Elle m’a également donné un lien vers une vidéo Youtube très pédagogique. A mettre entre toutes les mains !
 
 
 
 
 
Liens
 
– Page wikipedia du film Tootsie, cité par Lydia Parfois : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tootsie
– Page wikipedia du film La cages aux folles, cité par Lydia Parfois : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Cage_aux_folles
– Bande-annonce du documentaire de Chantal Poupaud, Crossdresser : https://www.youtube.com/watch?v=cgs7HUZDncM
– Vidéo conseillée par Lydia Parfois, Déshabillez nous Ces Messieurs Dames – Extrait de Genres Pluriels : https://www.youtube.com/watch?v=T1kLO1MLxaY
– Profil Facebook de Lydia Parfois : https://www.facebook.com/lydia.dentropie
 
 

Notre chaîne Youtube : https://www.youtube.com/@steveetrosehaldeman

Notre histoire : La série Maître et soumise, leur histoire est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 3 sont déjà parus :

Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/

Ma soumise, mon amour, Tome 2 (décembre 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0CQ3YG9T7/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242029/
Mon Maître, mon amour, T2 sortira en juin 2024.

Ils sont également disponibles en version papier et e-book, dans toutes les bonnes librairies (en ligne ou en magasin) avec des couvertures différentes, les originales ayant choqué la morale.

Jingle du podcast : Track : Warsaw
Music by https://www.fiftysounds.com

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