Steve Haldeman

L’éducation sexuelle

L'éducation sexuelle

Vous pouvez lire l’article, ou le découvrir en version audio avec le lecteur ci-dessous. Il est également disponible en vidéo sur ma chaîne YouTube (lien dans le menu), et prochainement sur toutes les plates-formes de Podcast.

Cet article fait suite à deux précédents de la même catégorie, consacrés à la liberté d’expression et au problème de la nudité dans l’espace public. Il n’est pas indispensable de les lire avant, mais ils sont liés et j’y ferai référence.

 

Il y a deux choses qui ont toujours occupé une place centrale dans toutes les sociétés depuis que le monde est monde, c’est l’amour, et le sexe.
En ce qui concerne l’amour, Blaise Pascal l’a bien dit : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. » On fait parfois des choses complètement déraisonnables, juste par amour. L’Histoire regorge de royaumes qui se sont faits ou défaits pour cette raison, car quand la passion s’en mêle, le bon sens et l’intérêt commun ne pèsent pas lourd.
L’excitation sexuelle, elle, peut nous amener à avoir un comportement complètement ridicule, et c’est incroyable l’énergie qu’on met pour obtenir satisfaction, parfois jusqu’à commettre l’irréparable. En témoignent les statistiques sur le viol dans notre pays, qui affirment que 12% des femmes ont été violées au moins une fois.

Or il y a une chose qui peut atténuer les effets malsains de ces comportements sur la société, c’est l’éducation sexuelle. L’éducation sexuelle au sens large. Pour ces raisons, elle devrait être au centre des préoccupations, et pourtant, selon une enquête IFOP réalisée en février 2023, 17% des 15-24 ans n’auraient jamais eu droit au moindre cours d’éducation sexuelle. Pourtant, depuis la loi Aubry du 4 juillet 2001, du primaire au lycée, les enfants devraient tous bénéficier d’au moins 3 séances annuelles.
Et ce n’est pas de trop, car les enfants sont parfois influencés par des schémas familiaux où les tabous sont bien ancrés. Ce qui fait qu’aborder cette thématique peut provoquer des ricanements liés aux malaises que les jeunes peuvent éprouver à parler de ça. Or dépasser ces barrières, ça prend du temps.

L’éducation sexuelle, qu’est-ce que c’est ?

Alors que je faisais des recherches pour cet article, afin de l’enrichir de bases officielles, j’ai visité la page Éducation à la sexualité du site education.gouv.fr.
En guise d’introduction, il y est dit que l’éducation sexuelle doit contribuer à préparer les élèves à leur vie adulte. En milieu scolaire, le but poursuivi est l’apprentissage d’un comportement responsable, dans le respect de soi et des autres.
Évidemment, à l’école, il est question d’apporter des connaissances scientifiques, de favoriser la prévention, et de lutter contre les comportements haineux. L’éducation sexuelle est envisagée non pas comme une discipline à part, mais comme un sujet transversal qui peut être abordé à travers tous les enseignements.
Je trouve, à titre personnel, que c’est une excellente chose.

Dans cet article, s’il y a bien une phrase qui a retenu mon attention, c’est la suivante : Cette éducation à la sexualité ne se substitue pas à la responsabilité des parents et des familles.
Cette phrase, bien qu’elle soit écrite en gras dans le texte, semble perdue au milieu des autres notions abordées. Elle souligne pourtant un point essentiel du problème de l’éducation sexuelle en France. Dans les familles, même celles qui sont ouvertes d’esprit et qui ne sont pas gangrenées par des cadres religieux rétrogrades, subsiste le plus souvent une gêne palpable quand on aborde ce sujet.
Pourtant, la religion et le sexe sont des mondes qui gagneraient à se rencontrer un peu plus.
C’est non seulement possible, mais souhaitable. Dans l’école privée de ma commune, l’éducation sexuelle est à l’honneur dans les classes de primaire. Et c’est très bien. C’est pourtant une matière qu’on n’attendrait pas dans une école fondée par une congrégation religieuse. On pourrait penser que cet établissement y a été obligé parce que c’est la loi, mais comme je l’ai dit, ça n’empêche pas de nombreuses écoles, collèges et lycées de ne rien faire en la matière.
Même si cela digresse un peu du sujet du jour, je vous invite à regarder cette vidéo de la chaîne YouTube Le crayon, qui s’intitule « On a fait se rencontrer un prêtre et une ancienne actrice de films X »

Les enfants et le sexe

On en parle finalement assez peu, mais avant d’aborder la notion d’éducation sexuelle, il serait bien de se demander quelle est la sexualité des enfants. Parce que oui, dès l’enfance, les enfants ont une sexualité.

 

Les petites filles se masturbe très petite, dès qu’elles ont assez de force pour le faire. Et il n’y a rien d’anormal là-dedans. Mais je sais que le simple fait d’accoler les mots « masturbation » et « petite fille » est déjà gênant pour de nombreuses personnes. Elles préféreraient qu’on parle pudiquement de chatouilles, de caresses, ou d’apaisement. Parfois, elles préféreraient tout bonnement qu’on n’en parle pas, qu’on occulte. Pourtant, dès la naissance, le clitoris est déjà là, parfaitement opérationnel.

 

Des questions se posent aussi en ce qui concerne la nudité. Pourtant, il n’y a aucun souci du moment que tout le monde est à l’aise avec ça. En revanche, si les parents ne le sont pas, leurs enfants le sentiront et ne le seront pas non plus.
Pour vous assurer que je ne dis pas n’importe quoi, je vous invite à consulter la page « Le développement psychosexuel de 0 à 8 ans » du site Naître et grandir. Vous trouverez d’autres sources d’information ailleurs, mais je vous recommande celle-ci parce que je la connais et que je l’aime bien. En ce moment, je consulte régulièrement ses pages consacrées au développement de l’embryon et du fœtus, pour écrire un passage du second tome de mon roman de science-fiction.

Personnellement, j’ai souvent constaté qu’il y a déjà de la gêne à gérer la sexualité des enfants tout petits, alors qu’ils sont pourtant l’incarnation de l’innocence, et que leurs actions ne sont évidemment pas guidées par une quelconque débauche. Pourtant c’est déjà à cet âge que certains d’entre eux, les filles en particulier, sont visées par des phrases du type « Touche pas, c’est sale ! » qui vont ancrer en elles une culpabilité tenace. Parce que vous pouvez dire ce que vous voulez, elles se toucheront quand même, mais se sentiront mal de le faire. Après ça, bonne chance pour le développement psychosexuel de votre enfant !

Si certains ont du mal avec l’éducation sexuelle dès le plus jeune âge, c’est évidemment pire à l’adolescence. Car à ce moment-là, les corps changent, mûrissent, et deviennent potentiellement excitants.
Manifestement, pour certains parents, c’est un problème.
C’est particulièrement le cas de certains pères, qui peuvent avoir énormément de mal à envisager que leur petite fille (petite dans leur esprit) puisse faire bander un garçon. Cela amène des comportements où les fils peuvent sortir le soir, et pas les filles. Et quelque part, ces pères-là ont raison. Vu comment ils ont non-éduqué leur fils, il vaut mieux qu’ils ne laissent pas sortir leurs filles.
Bien sûr, ce que je viens de dire est ironique. Ce n’est évidemment pas la bonne solution.

 

Le problème de la défaillance des parents en ce qui concerne l’éducation sexuelle, j’ai pu en voir des effets extrêmes dans le cadre de mon action en faveur de la protection de l’enfance.
Les enfants placés, malheureusement, bénéficient encore moins de l’éducation sexuelle que les autres, et dans certains cas extrêmes, c’est catastrophique. Ces enfants-là, parfois contraints de grandir aux cotés de parents toxiques, vont construire leur rapport à l’amour, à la sensualité et à la sexualité en étant exposés à de mauvais exemples. Parfois, retirés jeunes et placés dans des structures qui ne sont pas propices à leur épanouissement, ils seront confrontés à beaucoup de violence, ou à rien du tout, ce qui est pire encore en quelque sorte.
Cela donne parfois des enfants « sauvages », qui n’ont pas les codes de notre société, ceux qui leur permettraient de comprendre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Ils découvrent la sexualité comme le reste, seuls. Des enfants qui grandissent sans repère, ça donne des adultes sans limite.
J’ai le souvenir marquant d’un de ces enfants broyés, présenté comme violeur multirécidiviste, alors qu’il n’avait jamais forcé qui que ce soit. Il semble qu’il « violait » par persuasion, des enfants aussi paumés que lui, et qui se rendaient peut-être compte qu’ils n’auraient pas dû se laisser faire quand les adultes apprenaient ce qui s’était passé. À ma connaissance, son éducation sexuelle se résumait à l’intervention des gendarmes, qui venaient de temps en temps lui expliquer qu’il aurait déjà dû être en prison. J’exagère un peu, je le reconnais, mais à peine. La situation de cet enfant était à pleurer !
Pour cet adolescent, comme pour tous les enfants d’une façon générale, que faudrait-il faire pour changer la donne ? Eh bien, il faudrait que les parents fassent enfin leur travail ! À défaut, les enfants continueront à découvrir la sexualité par eux-mêmes, et c’est souvent par le biais de la pornographie.

La pornographie et les enfants.

Déjà, et pour commencer, il y a une hypocrisie de nos sociétés occidentales qui veut interdire l’accès à la pornographie aux mineurs, alors que la sexualité des êtres humains, biologiquement, est mûre bien avant qu’ils aient 18 ans. En conséquence, il me semble qu’il y a comme une erreur dans l’énoncé, d’autant qu’en France, la liberté sexuelle, c’est à 15 ans. En plus, la pornographie, c’est le seul moyen d’avoir accès au sexe en étant sûr à 100% qu’on n’attrapera pas une MST, et qu’on n’aura pas d’enfant non désiré.

 

Comme je l’ai déjà dit à de nombreuses reprises dans l’article consacré à la liberté d’expression, et dans celui intitulé « Le problème de la nudité dans l’espace public », de nos jours, la pornographie est présente partout. Et vos enfants n’y échapperont pas, que vous le vouliez ou non.
Internet y est évidemment pour quelque chose, mais je pense sincèrement que l’omniprésence de la pornographie n’est pas le problème. Ce qui ne va pas, c’est plutôt le fait que sa consommation n’est pas accompagnée des explications qui devraient aller avec. Or ça, c’est le rôle des parents.

 

Pour mettre en lumière mon point de vue, je vais vous raconter comment j’ai été confronté à la pornographie pour la première fois.
Cela s’est passé en 1985, j’avais 12 ans. Internet, qu’on accuse souvent d’être le vecteur d’une pornographie hors de contrôle, n’existait pas.
J’habitais dans un petit village de la région parisienne, et un jour, en compagnie de la bande d’enfants du voisinage, je me suis aventuré dans une maison délabrée, ouverte aux quatre vents. J’ai appris plus tard que c’était le domicile d’une sorte de marginal, un clochard. À l’intérieur, il y avait des détritus partout, et en nous aventurant dans cette baraque étonnante pour nous, nous sommes tombés sur des revues pornographiques. C’étaient des magazines vraiment pornographiques, pas simplement érotiques.
C’était la première fois que je voyais des corps nus, qui s’emmêlent, avec des gros zizis pas très beaux, tout gonflés, enfoncés dans des sexes, et dans des orifices pas vraiment prévus pour ça.
Ce jour-là, un monde s’est ouvert à moi, que je n’étais pas capable de comprendre. Pourtant je suis revenu dans la ruine en douce, à l’abri des regards, pour emporter le magazine en question parce que ça me titillait, ça m’excitait. C’était pas esthétique, mais c’était la première fois que je voyais des personnes en plein acte sexuel.
Je faisais alors partie d’une famille ouverte d’esprit, cultivée et encline à aborder plein de sujets, mais pas celui-là. Cela peut se comprendre, dans la mesure où j’avais 12 ans, et que j’étais l’aîné. Mais les années ont montré que ce sujet n’a jamais été vraiment abordé, sauf à me dire, bien plus tard, des choses banales et jamais de façon approfondie, comme le fait qu’il fallait que je me protège en cas de rapport sexuel.
Donc, je me suis retrouvé devant ce magazine seul, en particulier sans avoir jamais vu de sexe adulte, ni féminin ni masculin.
J’entends parfois dire que ce genre d’images est susceptible de choquer les enfants, mais franchement, ça n’a pas été mon cas, et je suis persuadé que ça n’a pas choqué les autres enfants non plus. Je n’avais pas les repères pour comprendre vraiment ce qui se passait. J’étais juste excité en regardant ça, mais sans bien savoir pourquoi en fin de compte. Si bien que j’ai regardé ces images en cachette, quelque fois, avant de m’en débarrasser.
En revanche, j’aurais aimé savoir ce qui se passait sur ces images. Mais personne ne m’avait expliqué qu’un homme et une femme éprouvent du plaisir comme ça, et qu’il y a mille et une façons de s’en donner.
Cette seule explication m’aurait suffi, j’en suis sûr, pour que je ne me retrouve pas démuni. Je crois qu’à 12 ans, on est parfaitement apte à comprendre ça. Mais au lieu de cela, j’ai vécu cette découverte comme un clandestin, à moitié convaincu que j’étais coupable de m’intéresser à quelque chose d’immoral, puisque même la nudité parentale était proscrite à la maison.
Je n’en ai donc parlé à personne. Si le sexe avait été abordé plus franchement avec moi, je l’aurais peut-être fait, parce qu’il y a tout de même quelque chose qui me rebutait dans ces images. Ce magazine avait probablement été vendu sous le manteau, et il aurait peut-être valu de la prison à ceux qui l’avaient imprimé, compte tenu des fillettes complètement nues qui posaient au milieu de ces photos d’orgies.
Encore aujourd’hui, je me souviens très bien du regard de l’une de ces petites filles asiatiques, plongées dans un univers glauque où elles n’avaient rien à faire. Je peux vous assurer que ce jour-là, le monde des adultes m’est apparu singulièrement sordide. Et le fait que personne ne parle de sexualité a contribué à me faire penser que ce devait être quelque chose de pas très beau, pour personne.

Vous êtes sûr que vous voulez que vos enfants découvrent l’une des plus belles choses que la vie ait à leur offrir de la même façon que moi ? Ne serait-il pas préférable de parler de plaisir avant d’attendre que quelque chose d’identique leur arrive ?

L’éducation sexuelle au rabais.

Benoîtement, je pensais que l’éducation sexuelle en 2023, comportait un minimum de pratiques. Mais comme en réalité je n’en savais rien, j’ai cherché des manuels, des tutoriels officiels afin de me faire une idée plus précise de ce qui est proposé comme formation aux enfants.
En particulier, je pensais qu’il y avait des travaux manuels, pour apprendre à enfiler un préservatif, par exemple. À défaut de se servir de godemichés, je pensais qu’on sacrifiait pudiquement quelques bananes sur l’autel de la santé publique, et que si ce n’était pas idéal, c’était tout de même mieux que rien. Mais apparemment, on ne voit ça que dans les séries du type « Sex Education », qu’au passage je vous conseille.
Sur internet, je suis tombé sur la page « Séquence préservatif » du CRIPS Ile de France. C’est le Centre Régional d’Information et de Prévention du Sida et pour la santé des jeunes.
J’ai découvert que cet organisme avait mis en place des outils de formation pour aborder le thème de la contraception, incluant 16 étapes pour le préservatif masculin, et 12 pour le préservatif féminin. Et pour illustrer tout ça, que pensez-vous que le CRIPS propose ? Un jeu de cartes ! C’est pas formidable ?
Cela revient à considérer que si, sur le papier, vous savez comment utiliser un préservatif, alors vous saurez le faire dans la vraie vie. C’est un peu comme si l’on formait les gens aux premiers secours, mais sans mise en situation, sans mannequin, en vérifiant leurs connaissances avec un questionnaire à choix multiples.

En fin de compte, cela amène à croire que l’on est prêt, sauf que dans la vraie vie, au moment où il faut mettre un préservatif pour la première fois, on fait face à un certain nombre de découvertes riches en émotions. Le stress est bien là, et pour en rajouter, vous êtes aux prises avec une excitation qui vous incite fortement à ne pas vous compliquer la vie avec cette saleté de capuchon à enfiler. D’autant que vous vous doutez vaguement qu’on vous a menti. Et vous avez raison, niveau sensation, c’est quand même un peu moins bien avec, que sans.
Alors que le moment tant attendu se profile à l’horizon, les plus prévoyants auront tout de même un peu de pratique. Des capotes, ils en auront déjà utilisé quelques-unes, et pas seulement pour faire des bombes à eau. À défaut d’éducation sexuelle sérieuse, ils auront essayé au moins une fois d’en enfiler une, pour de vrai.
Personnellement, c’est ce que j’ai fait.
Au moment de me chapeauter pour la première fois de ma vie, je savais parfaitement ce qu’il fallait faire. Vérifier l’emballage, la date de péremption, faire attention aux ongles, à ne pas laisser de bulle, etc. Si on m’avait interrogé avec un QCM, j’aurais fait un sans-faute. Pourtant, j’ai galéré un peu pour l’enfiler, et même beaucoup plus que je ne m’y étais attendu. Et sur le coup, je me suis félicité d’avoir fait un peu de travaux pratiques avant la grande première.
Mais alors, ce que je ne savais pas, c’est que j’allais être victime de la pornographie.

Les vrais méfaits de la pornographie.

De mon point de vue, la pornographie a des avantages. Elle permet à ceux qui découvrent la sexualité de se confronter à ce qu’ils aiment ou pas. Elle permet de découvrir des pratiques, des envies, des fantasmes. Évidemment, il serait préférable de découvrir les choses progressivement, et de ne pas être exposé à des pratiques violentes ou extrêmes d’emblée, mais en réalité, je pense que ça n’a pas d’importance. Peu importe sur quoi vous tombez, car si ça ne vous plaît pas, vous n’allez pas continuer à vous écœurer, vous allez passer à autre chose, tout bonnement.
En revanche, la pornographie a aussi des effets néfastes sur les jeunes, qui sont aggravés par le fait que les adultes n’accompagnent pas cette découverte. Car la pornographie n’a pas pour objet de montrer les aspects normaux de la sexualité, et ce n’est pas la peine d’accuser l’industrie du X pour ça. Quand vous allez au cinéma, c’est rarement pour voir ce qui se passe à côté de chez vous. Les films de super-héros ne sont pas faits pour être réalistes, et de la même façon, on regarde de la pornographie pour ce qu’elle a de spectaculaire, de jouissif, pas pour nous éduquer. Ce n’est pas son travail, et pourtant, c’est le rôle qu’on lui attribue implicitement, puisque personne d’autre ne le fait. Ce n’est pas elle qu’il faut blâmer si les jeunes adultes ont une vision de la sexualité dévoyée, c’est à cause de ceux qui auraient dû leur donner une vision plus saine, et qui ne l’ont pas fait.

 

Personnellement j’ai été touché, comme bien d’autres avant moi, par cette vision déformée de la réalité. Et cela a eu des conséquences sur mon expérience personnelle.
J’avais beau avoir entendu dire que la taille moyenne d’un sexe en érection se situe entre 12 et 17 centimètres, les seuls repères visuels que j’avais, c’étaient les films porno. Et dans ces films, la moyenne est considérablement plus élevée. On n’y voit que des bêtes de concours, et même si on sait objectivement que c’est le cas, on finit tout de même par être impacté par cette seule et unique référence visuelle. D’ailleurs, la société tout entière favorise cette vision élogieuse des grosses bites. On dit « gâté par la nature », et sur certains paquets de préservatifs, il n’est pas indiqué grande taille, mais King size. Psychologiquement, la nuance est de taille, si j’ose dire.
J’avais donc la sensation que j’avais un pénis sinon petit, du moins normal. Et cela m’a été confirmé lorsque j’ai essayé pour la première fois de mettre un préservatif, pour essayer.
Comme je l’ai dit précédemment, j’ai eu un peu de mal à l’enfiler, mais j’ai attribué cela au fait que je ne l’avais jamais fait, et puis ça glissait. En plus, dès que vous avez un peu de mal, vous êtes susceptible de perdre un peu en raideur, ce qui n’aide pas. Néanmoins j’avais déroulé l’engin, j’avais vu que globalement, ça allait, et puis je l’avais enlevé, m’arrachant quelques poils au passage.
Mes premières relations sexuelles ont eu lieu, et lors de certaines d’entre elles, à deux reprises, le latex a craqué.
La première fois, je me suis dit que c’était pas de chance, et que peut-être c’était dû à la toison un peu drue de ma partenaire, qu’elle avait rasée, mais qui avait repoussé. J’ai imaginé que c’était peut-être ça qui avait abîmé la protection fragile.
Je suis resté gentleman, et j’ai accompagné ma compagne à deux reprises pour chercher une pilule du lendemain. La première fois, elle a été compréhensive, mais la seconde, le stress était présent et elle m’a vaguement reproché l’incident. Elle avait raison, mais je n’avais pas encore compris pourquoi. Elle non plus d’ailleurs.
Le problème, c’était que la capote basique, celle qu’on distribue partout gratuitement, n’était pas adaptée à ma morphologie. C’est à ce moment-là que j’ai découvert qu’il existait plusieurs tailles, et qu’il me fallait celle du dessus.


Jamais, jusqu’alors, je n’avais eu conscience d’avoir une verge plus épaisse que la moyenne, et franchement, ça ne me serait jamais venu à l’esprit de le penser, en partie à cause du fait que je me référais au porno.
Quand bien même j’aurais eu accès à une éducation sexuelle plus aboutie, comme celle du CRIPS, dont j’ai parlé plus haut, je ne m’en serais tout de même pas aperçu. Car parmi les 16 étapes dédiées au préservatif masculin, aucune n’aborde la question de la taille.

Alors quelle éducation sexuelle faut-il ?

L’idéal, ce serait qu’on n’en ait pas besoin, tout bonnement. Du moins, pas besoin d’une éducation sexuelle institutionnelle.

Ce que je veux dire c’est que l’éducation sexuelle, telle qu’elle est conçue aujourd’hui, est faite pour palier à la démission parentale sur le sujet.

Donc s’il y a une chose qui me paraît essentielle, c’est d’arrêter de sacraliser ce qui se trouve entre nos jambes. Cela ne veut pas dire que je fais l’apologie du nudisme. Mais dans une salle de bain, à la plage parfois, ne serait-ce qu’en se changeant, et dans tous les endroits où la nudité devrait avoir sa place, il faut arrêter de se cacher.
Surtout que nous le faisons sans expliquer pourquoi aux enfants, ou sans leur donner une raison qui soit réellement crédible. On ne leur explique pas vraiment pourquoi il faut se cacher, tout bonnement parce qu’il n’y a pas de raison valable. Or les enfants sont intelligents. Et ce n’est pas parce qu’on ne leur donne pas d’explication qu’ils ne vont pas en chercher une, ou s’en inventer une. En fin de compte, se construit dans leur esprit une vision monstrueuse de la nudité.
J’essaie d’être mesuré dans mes critiques habituellement, et je sais que tout le monde a le droit d’avoir son point de vue. Mais l’éducation des enfants devrait nous amener à changer nos comportements, à nous remettre en question. Qu’on se cache aux autres par pudeur, ça s’explique. Mais qu’on se cache aux yeux de ses enfants, ce n’est plus de la pudeur, c’est de la bêtise.

Ensuite, je crois qu’il faut arrêter d’aborder l’éducation sexuelle en occultant l’aspect plaisir. En faisant cela, on est ridicule. On donne une image du sexe qui est déconnectée de la réalité.
Un être humain, en France, aura en moyenne 1,9 enfants. Donc même en réintégrant dans le calcul tous les coïts qui n’aboutiront pas à la procréation, quelle est la proportion des étreintes réalisées pour enfanter, par rapport à toutes les autres ? 1% ? En plus, la sexualité ne se résume pas à une pénétration vaginale, et heureusement !
Je sais que je vais peut-être choquer en disant ça, mais il serait peut-être utile de parler de sextoys aux ados par exemple, aux filles en particulier, et de leur en fournir si elles en expriment l’envie. Je trouve aberrant que certaines femmes arrivent à l’âge adulte sans jamais avoir eu le moindre orgasme, sans parler de celles qui n’en ont toujours pas eu à 40 ans. Comment voulez-vous qu’elles soient capable d’expliquer ensuite ce qui leur plaît à leur partenaire, si elles ne le savent pas elles-mêmes ? On se retrouve parfois dans des situations ubuesques de femmes qui pratiquent une sexualité BDSM considérée comme extrême, qui ont déjà fait l’expérience d’état de transe aussi appelé subspace, mais qui sont perdues quand on leur décrit un orgasme.
Et comment voulez-vous que leurs partenaires masculins fassent autre chose que ce qu’ils ont vu dans les films pornos, si leurs mères ne leur expliquent pas que ce n’est que de la poudre aux yeux ? Comment un homme peut-il comprendre que sa partenaire ne bondisse pas au plafond dès qu’il la touche, si personne ne lui a expliqué que ça ne marche pas comme ça ? Comment ces jeunes pourraient-ils avoir une sexualité épanouissante si on ne leur dit pas un minimum comment s’y prendre ?
Le résultat, c’est qu’aujourd’hui on a souvent affaire à des adultes qui assument enfin leur corps et leurs désirs à 40 ou 50 ans. Ne pourrait-on pas faire mieux ?
Je me demande dans quelle mesure cette absence d’éducation sexuelle, et ses conséquences sur l’intimité des couples, peut être responsable d’un certain nombre de divorces, dont les premières victimes sont les enfants.

 

Je précise, parce que c’est important, qu’en envisageant une éducation sexuelle différente, comme je l’imagine, il ne s’agit pas de forcer les enfants à découvrir des choses dont ils n’ont pas envie, mais de préparer un terrain favorable, où ils pourront poser des questions quand ils le voudront, et où ils ne subiront pas le poids des tabous de leurs parents.

 

En conclusion, il me semble qu’il y a beaucoup de choses à faire en ce qui concerne l’éducation sexuelle. Et qu’il ne s’agit pas uniquement de se faire plaisir. Comme l’évoque l’Éducation nationale, c’est une question d’épanouissement individuel, vecteur d’un bien-être global de la société tout entière. Nous avons beaucoup à y gagner, collectivement.

 

Les liens

 

Le podcast de Johann Blondeau : – https://podcast.ausha.co/c-est-fin-ca-se-mange-sans-faim

– Sa page Facebook :

https://www.facebook.com/profile.php?id=100087191387874

 

– L’article du journal Le Parisien, à propos des statistiques sur le viol en France : https://www.leparisien.fr/societe/12-des-femmes-ont-deja-ete-violees-selon-une-enquete-23-02-2018-7575399.php

– La page sur l’éducation sexuelle du site education.gouv.fr : https://www.education.gouv.fr/education-la-sexualite-1814#:~:text=L’%C3%A9ducation%20%C3%A0%20la%20sexualit%C3%A9%20est%20une%20d%C3%A9marche%20%C3%A9ducative%20qui,culturelle%2C%20%C3%A9thique%2C%20sociale%2C%20juridique

– La vidéo de la chaîne Le crayon de l’entretien du prêtre et de l’ancienne actrice X : https://www.youtube.com/watch?v=faXefbCPq1s

– Le développement psychosexuel de 0 à 8 ans du site Naître et grandir : https://naitreetgrandir.com/fr/etape/1_3_ans/developpement/fiche.aspx?doc=developpement-psychosexuel-sexualite-0-8-ans

– La page « séquence préservatif » du CRIPS : https://www.lecrips-idf.net/jeu-education-sexualite-preservatif

 

Notre histoire :

 

La série Maître et soumise, leur histoire est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 2 sont déjà parus :

Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/

Ma soumise, mon amour, Tome 2 sortira en décembre 2023
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7 réflexions sur “L’éducation sexuelle”

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  6. Je suis bien d’accord. Et j’aurais beaucoup à dire et à témoigner sur ces sujets…

    Je suis né en 1971, à Versailles, haut lieu de la pensée progressive (LOL).
    À l’époque, là où j’habitais, l’éducation sexuelle, ça n’existait PAS. Les cours de biologie au collège comprenaient de très intéressants (et utiles) cours sur la reproduction, avec les organes génitaux (etc.), mais sans plus. Sans l’arrivée du SIDA (qui a eu un ÉNORME impact négatif sur la sexualité des ados de l’époque), on ne nous aurait même pas parlé des MST (IST) et encore moins des préservatifs, sujet qui était TABOU (associé à la prostitution exclusivement, un sujet lui aussi tabou). Même pour le peu qui nous était enseigné, la prof de bio au collège était visiblement génée ! À plusieurs moments, j’ai bien vu qu’elle était embarrassée de parler de pénis et autres, même de façon très abstraite… (Pourtant, aucun élève ne ricanait ou quoi que ce soit de ce genre.)
    Pendant mon enfance et mon adolescence, le sexe c’était un sujet tabou, même juste les relations (hors sexe) garçons/filles, c’était un sujet peu discuté ouvertement. Pourtant, ce n’est pas que les gens ne couchaient pas (y compris les ados), mais en parler à voix haute ? Presque impossible. J’ai une sexualité hors norme, et j’était TRÈS en avance pour mon âge, ça a été terrible pour moi de vivre dans ces ambiances nocives.
    Je ne vous parle pas des désastres que tout ça pouvait créer (notamment des avortements -forcément dramatiques et traumatisants- suite à des rapports non protégés entre ados).

    Mais, le VRAI problème, c’est que la situation n’a que très peu évolué. À part sur internet, LE SAUVEUR (potentiel) à ce niveau.
    Dommage que si peu de gens (pas que les enfants & ados) y aient recours. J’ai été stupéfait de constater que malgré l’énorme quantité de ressources à la disposition de tout le monde, rares sont les personnes qui essaient de se renseigner, elles gardent des préjugés super bizarres, alors que 5 min suffiraient à briser ces idées fausses.
    Les pires grands sujets sont (à mon avis) la sexualité des jeunes (les délires des adultes là-dessus sont effrayants), la prostitution & le porno (les métiers du sexe en général), et le BDSM. J’ai autour de moi des gens éduqués d’âges divers, du type profs, ingénieurs et scientifiques (dont biologie), qui ont encore des croyances sexuelles datant du 19ème siècle… Inexcusable.
    C’est au point que j’évite absolument de discuter de ce genre de choses, parce que ça me fait ENRAGER d’entendre un tel déluge de stupidités et d’ignorance (et de malveillance quand on parle du travail du sexe), surtout de nos jours (il n’y a plus d’excuses).

    Il y a environ 4 ans, une jeune femme m’avait expliqué ce qu’on lui avait enseigné à l’école. J’avais été consterné (même si connaissais déjà le problème). Elle avait eu presque exactement les mêmes cours que moi, 25 ans auparavant ! C’est à dire la reproduction, les IST, et c’est à peu près tout…

    Et en plus, depuis les années 2000, on a un retour FORT des attitudes anti-sexe. C’est effrayant. Et ça a un terrible effet nocif (« le sexe c’est MAL ») sur l’enseignement de la sexualité aux plus jeunes.

    Pour l’éducation sexuelle fournie par l’Éducation Nationale, perso, je pense qu’ils font peut-être plus de mal que de bien !
    Les témoignages que j’ai pu lire ou entendre étaient à peu près tous les mêmes : enseignements (quand ils existaient) totalement théoriques, insistant TOUJOURS sur les aspects négatifs (maladies, etc.), bref ne répondant pas du tout aux VRAIES questions et besoins. Et 3 séances par an seulement ? On se moque de nous !
    Je me rappelle avoir lu divers documents (pas qu’en France) qui listaient les choses à enseigner, j’ai été consterné par le contenu : des GRANDES IDÉES super abstraites (totalement inadaptées), des grandes théories et des « bonnes volontés » complètement sans substance, sans RIEN derrière. 100% inutiles.
    L’éducation sexuelle des enfants, ados et adultes, ça DOIT être fait par des gens qui sont totalement à l’aise dans leur sexualité, qui sont concrets, qui ont les pieds sur terre, et qui écoutent et répondent aux questions, et tiennent compte du contexte (âge des interlocuteurs, etc.). Ça ne doit être juste des personnes qui fournissent des infos préformatées et stéréotypées vues comme « sans risque » ou qui sont créées pour « n’offenser personne ».

    L’« éducation » sexuelle par le porno a encore de beaux jours devant elle…

    Perso, j’utilise souvent une expression globale qui regroupe et résume tous ces problèmes : « la PEUR du sexe ». Et je suis effrayé de voir à quel point ça reste un problème répandu.

    Larry.

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