Steve Haldeman

Écrire ? Oui, mais pourquoi ?

Écrire ? Oui, mais pourquoi ?

Vous pouvez lire l’article, ou le découvrir en version audio avec le lecteur ci-dessous. Il est également disponible en vidéo sur ma chaîne YouTube (lien dans le menu), et prochainement sur toutes les plates-formes de Podcast.

Il y a beaucoup de raisons qui peuvent pousser à écrire de la fiction. Pour certains, ce sera l’amour de la langue française, pour d’autres ce peut être un exutoire, une façon de mieux se comprendre. Pour ma part il y a l’envie de vivre d’autres vies, car après tout nous n’en avons qu’une, et elle peut, par moments, ne pas suffire à notre bonheur.
Après avoir commencé à écrire, l’attachement à mes personnages m’a aussi poussé à continuer. Je n’avais pas envie de les abandonner.
Cela dit, ma démarche d’écrivain a surtout été guidée par un besoin plus précis, que je vais vous expliquer maintenant.

 

J’ai lu, beaucoup lu je crois, par choix. Car très vite, ce qui était au début une obligation de lire venue de l’école, est devenu une envie, et même un besoin.
Je me souviens très bien d’un certain nombre de livres qui ont eu un impact important sur mon imaginaire. Très jeune, ces objets, d’abord rebutants quand on a du mal à déchiffrer les mots et qu’on manque de vocabulaire, sont devenus des univers, des ouvertures sur le monde, autant de possibilités qui s’offraient à moi.
J’en ai dévoré, des Clubs des cinq ! Jusqu’à ce que mon père m’emmène un jour au grenier, pour m’y faire découvrir une caisse en bois poussiéreuse qui avait des airs de coffre aux trésors. Dedans, il y avait des vieux livres de la collection Rouge et Or : Croc blanc, L’île au trésor, Ivanhoé, les Lettres de mon moulin.


L’excursion m’a laissé un souvenir ému, et cette impression s’est renforcée avec le temps, quand j’ai découvert à quel point ces livres allaient m’enrichir. Car il y en avait peut-être trente dans cette caisse, et pas un seul ne m’a échappé !


Des livres, j’en ai lu beaucoup donc, et de plus en plus, surtout par plaisir. Mais dès l’adolescence, j’ai commencé à voir les limites de ce plaisir. En particulier avec un de ces livres que mon père m’a fait découvrir.
Cela s’est passé lors de l’été 1984, dans notre maison de campagne. À ce moment-là, ce qui m’intéressait, c’était pêcher à la main, dormir avec mon frère la nuit dans notre cabane, et partir explorer la forêt immense, qui me paraissait encore infinie à l’âge que j’avais.
Mais cet été-là mon père m’a proposé Bilbo le hobbit.


Il m’a fallu quelques jours pour le terminer, et pendant ce temps, le reste a eu moins de saveur.


En septembre, alors que j’entrais en sixième, il m’a passé la suite, le premier tome du Seigneur des anneaux. J’ai achoppé au début, la longue description de la Comté m’a ennuyé. Mais ensuite j’ai dévoré le reste. Et pour la première fois de ma vie, j’ai senti comme un vide après avoir terminé. Cette impression de manque m’a poursuivi longtemps, des années en fait. Et ça a été le cas parce que quand on découvre un chef d’œuvre, on est ensuite confronté à la réalité que la majorité des autres livres n’en sont pas. On cherche ensuite cette même impression grisante qu’on a ressenti en découvrant un de ces rares monuments de la littérature, un de ceux qui va compter pour nous, qui va changer véritablement quelque chose dans notre vie.

Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais c’est là qu’a germé mon envie d’écrire. Car c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à ressentir des petites déceptions, des impressions d’inachevé dans certains romans. J’ai commencé à avoir la sensation que les auteurs n’allaient pas toujours au bout des choses, qu’ils auraient pu faire de leurs créations des histoires plus abouties.
Même si des chefs d’œuvre, j’en ai lu beaucoup par la suite, j’ai rarement trouvé des histoires qui répondaient parfaitement à mes aspirations, à ma sensibilité.


Avec le temps, j’en suis venu à me dire que pour trouver des romans qui me comblent vraiment, il allait falloir que je les écrive moi-même. Et ce n’était pas de la prétention, j’avais même très conscience de la difficulté de la tâche. Mais après tout nous n’avons qu’une vie, et il me paraissait nécessaire d’essayer. Comme on dit, l’important c’est de participer.

Ce qui me déplaisait dans la littérature érotique.

Je me suis intéressé à la science-fiction bien avant de lire mon premier roman érotique. Mais comme je l’ai dit dans l’article d’introduction à cette catégorie, écrire de la science-fiction de qualité, c’est plus compliqué et ça exige beaucoup plus de travail que pour écrire une romance. C’est la raison pour laquelle j’ai commencé par Dominant, le titre temporaire de Ma soumise, mon amour.

 

Le premier livre érotique que j’ai lu, c’est Histoire d’O, à 16 ans. Il y en a peut-être eu d’autres avant, mais celui-là a eu un tel impact sur moi qu’il a effacé, écrasé en quelque sorte, tout ce que j’avais lu précédemment. J’en ai lu d’autres après, et je dois dire que j’ai conservé une affinité particulière avec la littérature BDSM.

Des livres de ce type, j’en ai donc lu quelques-uns, et avec le temps, je me suis aperçu que même si j’appréciais ces histoires, il s’y trouvait souvent des aspects qui me rebutaient, ou qui me laissaient sur ma faim.
En premier lieu, je trouve que les personnages masculins y sont souvent caricaturaux, parfois brutaux, égoïstes ou malsains. Les femmes, en particulier, décrivent souvent des amants bestiaux, passionnés mais destructeurs, sans considération pour les héroïnes de leur roman. Que ce soit par pur fantasme, ou parce que leur expérience leur a laissé cette vision des hommes, j’ai souvent trouvé cela déplaisant.

 

Un autre aspect de ces livres qui me laisse souvent déçu, c’est leur spécialisation. Ces histoires, qu’elles soient inventées ou autobiographiques, se concentrent souvent sur les situations excitantes, les scènes de débauche, sans les ancrer dans un cadre plus large. Il m’est toujours apparu, à titre personnel, qu’insérer un peu de quotidien dans ces relations sulfureuses pourrait faire ressortir ces passages excitants et les mettre en valeur. Dans certaines œuvres, il n’y a pas presque pas de contexte, si bien qu’on a parfois la sensation que les pratiques sont décrites comme si rien d’autre qu’une excitation passagère les avait amenées, comme si elles n’avaient pas forcément de causes.
C’est d’ailleurs quelque chose qui correspond à la recherche d’un certain nombre d’adeptes du BDSM. Certains d’entre eux ne veulent pas d’une relation amoureuse, ils ne veulent pas d’attachements, comme si les sentiments pouvaient corrompre la capacité des joueurs à aller au bout de leurs envies. Mais personnellement, je trouve cela rebutant. Dans ma vie, à long terme, j’ai besoin que ma sexualité, peu importe comment elle s’exprime, soit sous-tendue par quelque chose de plus grand, par des sentiments. Je trouve que ça lui donne nettement plus d’attrait, et c’est ce genre de choses, de relations, que j’ai envie de découvrir dans un bon roman.

 

Pour ces deux raisons, j’ai commencé à écrire Ma soumise, mon amour en lui donnant un contexte amoureux solide. J’avais besoin de montrer qu’une histoire d’amour constructive, positive, peut être un formidable champ d’exploration des fantasmes et que ce peut être très épanouissant.
Un certain nombre des livres que j’ai lus vont dans ce sens, mais pas autant que j’aurais aimé.
Par exemple, Cinquante nuances de Grey est une vraie histoire d’amour, et qui finit bien, ce qui ne gâche rien. Malheureusement ce conte moderne, peu réaliste de par sa forme, décrit le BDSM comme quelque chose de malsain.
Soumise, de Salomé, narre une vraie histoire d’amour, mais c’est un récit autobiographique qui a une forme épistolaire. C’est un livre très intéressant, mais ce n’est pas un roman. C’est un témoignage qui n’a pas vocation à raconter une histoire plaisante, et qui, de ce fait, ne fait pas vraiment rêver. Du moins, c’est mon ressenti.


Petit aparté : j’ai écrit un article sur chacun de ces livres, disponibles sur mon site, sur YouTube et en podcast, si vous voulez en savoir plus.

J’ai donc écrit Ma soumise, mon amour pour proposer une histoire telle que je n’en avais encore jamais lue. J’espère qu’elle plaira.

Ce qui pèche en science-fiction.

J’ai lu pas mal de bouquins de SF. Et au début, j’ai découvert ce pan de la littérature moderne sans a priori.

 

Les premiers livres de ce genre que j’ai lus, c’étaient des romans de Jules Verne. Il s’agissait d’histoires très plaisantes, et je ne crois pas avoir besoin de présenter cet auteur. Mais adolescent, le fait qu’il s’agisse de science-fiction du XIXème siècle a fini par me frustrer. À la fin du XXème, ces écrits, à l’époque visionnaires, s’étaient fait rattraper par les avancées de la science. Et puis je trouvais qu’ils ne se projetaient pas assez loin dans le futur, à mon goût.
Par la suite, si j’ai lu beaucoup d’autres romans plus modernes, j’ai souvent été déçu par différentes petites choses.

 

D’abord, il y a le fait que pour écrire un roman de SF de qualité, il faut passer beaucoup de temps à créer un univers crédible.
Il y a trop d’auteurs ou de scénaristes de films qui m’ont laissé sur ma faim, en créant des univers truffés de vaisseaux spatiaux et de télé-porteurs, et qui finissent malgré tout par faire voyager leurs héros à dos de chameau. Alors ça peut se justifier, mais dans ce cas il faut fournir une explication qui tienne vraiment la route !

 

En science-fiction, il y a aussi des thèmes qui sont usés jusqu’à la trame. Par exemple, les univers postapocalyptiques avec des zombies, il faut vraiment arrêter. C’est un avis personnel bien sûr, et il y a des histoires qui sont pas mal sur ce thème, mais ce serait bien d’avoir un peu plus d’imagination, de variété.

 

Il y a aussi une tendance, c’est même systématique en réalité, à présenter des avenirs possibles très pessimistes. Il y a toujours des guerres, des sociétés totalitaires et des catastrophes en tous genres. Alors que j’écris cet article, j’ai du mal à trouver un seul exemple de livre, ou même de film, qui présente une version plaisante de ce que pourrait être notre futur. C’est d’ailleurs une des grandes idées qui sous-tend mon roman, à paraître, et cela ne m’a pas empêché de raconter une aventure trépidante.


Un autre souci pèse sur bien des productions de SF, c’est la faiblesse des scénarios. Du moins la facilité de l’idée principale sur laquelle s’appuie toute l’histoire. J’aime bien Matrix, c’est un film de qualité. Mais toute son intrigue repose sur le fait que les machines ont estimé que le corps humain est une meilleure source d’énergie que n’importe quelle autre. Il ne faut pas avoir travaillé beaucoup à l’école pour se rendre compte que ça ne tient pas la route !


Dans un autre registre, la plupart des aliens sont présentés comme des monstres assoiffés de sang, ou alors comme des idiots qui ont traversé tout l’univers pour nous envahir, avec des raisons dénuées de sens !

 

Enfin et surtout, les auteurs se laissent souvent aller à négliger les lois de la physique. Dans les romans de SF teintée d’heroic fantasy, ce n’est pas très grave, la magie est permise. Mais dans ceux qui se veulent réalistes et qui ne le sont pas, c’est plus décevant. Il y a, en particulier, une forte propension des auteurs à introduire des incohérences de niveau technologique. Quand je lis qu’un extra-terrestre attaque le héros d’un roman avec un couteau émoussé, alors qu’il a traversé la galaxie en quelques heures, j’ai du mal à trouver ça crédible. Manifestement, les comparaisons de niveau technologique sont parfois compliquées, alors qu’une simple règle de trois peut le mettre en évidence. Alors je vais faire un petit comparatif, pour mettre en lumière les ordres de grandeur.

La distance maximale atteinte par un être humain, c’est 380.000 kilomètres, en 3 jours (La lune). A côté de ça, les armes les plus sophistiquées de l’humanité, ce sont des  missiles hypersoniques, des laser, et des canon magnétiques.
En parallèle, des extra-terrestres envahisseurs venant de l’autre bout de la galaxie parcouraient
9.500.000.000.000.000.000 kilomètres (100.000 années lumières) en quelques heures, voire instantanément en téléportation.
Le rapport d’ordre de grandeur permet d’imaginer qu’ils auraient les mêmes armes que nous, mais 25.000.000.000.000 fois plus puissantes, plus rapides et plus précises.

Alors rendez-vous compte ! Si un extra-terrestre peut parcourir 9.500.000.000.000.000.000 kilomètres, aussi vite, c’est qu’il a largement le niveau technologique pour nous pulvériser, sans même s’en apercevoir !

 

Enfin, et pour en terminer avec ce qui me lasse parfois en SF, ce sont certains romans qui sont parfois très crédibles, scientifiquement parlant, mais qui se concentrent tellement sur l’aspect technique que l’histoire et les personnages passent au second plan. C’est notamment le cas d’un livre par ailleurs excellent : La trilogie martienne, de Kim Stanley Robinson.

 

 

Ce sont donc ces raisons qui m’ont poussé à écrire, pour essayer de faire mieux que mes illustres prédécesseurs, que je viens de critiquer, mais qui n’en restent pas moins des conteurs de talent, grâce à qui j’ai passé de très bons moments. Parviendrai-je à les égaler ? Ou à les surpasser comme je le souhaite ? Ce sera à vous de le dire.

 

Avant de terminer cet article, je voudrais dire que parmi mes auteurs préférés, il y en a qui ont répondu à toutes les attentes. L’un d’eux, Joe Haldeman, avec son roman La guerre éternelle, en fait partie. C’est pour lui rendre hommage que j’ai adopté son patronyme.

 

 

Les liens :

 

– Lien où vous trouverez mes deux articles cités : 50 nuances de Grey, et Soumise : https://stevehaldeman.com/category/idees-de-lecture/

Ils sont également disponible ici même, sur ma chaine Youtube.

– La collection Rouge et Or : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rouge_et_Or_(collection)

– La guerre éternelle : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Guerre_%C3%A9ternelle

– La trilogie de Mars : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Trilogie_de_Mars

 

Notre histoire :

 

La série Maître et soumise, leur histoire est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 2 sont déjà parus :

 

Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

 

Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/

 

Ma soumise, mon amour, Tome 2 sortira en décembre 2023
Mon Maître, mon amour, Tome 2 sortira en juin 2024.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *