Domination, un film d'Erik Lamens
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SM Rechter, traduit en français par Domination, est un film du réalisateur néerlandais Erik Lamens, sorti en 2009.
Le film relate la façon dont un homme, juge de profession, se retrouve face à son épouse qui sombre dans la dépression. Attentionné, il l’amène à lui expliquer ce qui lui arrive. Elle lui avoue alors qu’elle a toujours ressenti des pulsions masochistes.
Troublé par cet aveu, il entreprend de satisfaire les besoins de sa femme, par amour. Chemin faisant, il va découvrir ce qu’il n’aurait pas imaginé auparavant, à savoir qu’il puisse voir son couple s’épanouir dans le BDSM.
C’est une production magnifique à plus d’un titre.
Un film rafraîchissant de réalisme !
La première chose que je dois vous dire, c’est que ce n’est pas un film pornographique, pas du tout. Si la nudité est bien présente, et que l’on peut voir des séances de sadomasochisme parmi les plus dures, elles ne sont pas là pour provoquer l’excitation. Elles viennent enrichir l’histoire et sont présentes seulement pour que l’on sache bien de quoi on parle, pour ne pas laisser la place à des fantasmes qui ne correspondraient pas à ce qui s’est passé. Le film n’a pas pour vocation d’exciter, il est plutôt éducatif. Du moins, c’est ce que j’ai ressenti en le regardant.
La seconde réaction que nous a laissé ce film, à Rose et à moi, c’est que l’on a affaire à des personnes normales.
Koen, le juge, est incarné à l’écran par Gene Bervoets, un acteur belge né en 1956.
Magda, la femme du juge, est jouée par l’actrice Veerle Dobbelaere, une actrice belge née en 1967.
À la sortie du film, ils ont respectivement 53 et 42 ans. C’est déjà un gage de qualité d’avoir enfin affaire à un film qui n’essaye pas de faire passer une actrice de vingt ans pour une femme de quarante !
Ensuite, ce sont de bons acteurs qui, par ailleurs, ne sont pas issus de l’industrie pornographique. En particulier la nudité de Magda, dans les scènes BDSM pour lesquelles l’actrice donne de sa personne, sont réalistes. Il ne s’agit pas de scènes filmées dans un but de gratification sexuelle. Je ne me suis pas senti voyeur en les visionnant.
Enfin, si Veerle Dobbelaere est une belle femme, c’est une femme de 42 ans, et les autres acteurs du film ont des plastiques de personnes normales. Ce ne sont pas des caricatures hollywoodiennes d’hommes à la musculature douteuse et de femmes aux seins refaits. Et ça aussi, c’est très plaisant.
Petit bémol humoristique :
Je n’ai pas cherché à savoir si c’était la mode à l’époque aux Pays-Bas, mais les coupes de cheveux des hommes, de Koen et de son meilleur ami en particulier, sont carrément stupéfiantes. Était-ce fait exprès ? En tous les cas, ça enlève du glamour au film, et lui donne un air de production indépendante à petit budget, ce qui est peut-être le cas.
Enfin, et je trouve ça très important, c’est une des premières productions que je vois qui donne une explication claire de ce qui peut vraiment plaire dans les pratiques sadomasochistes douloureuses. Les quelques mots que prononce le psychiatre de Magda sont limpides, et ça vaut le coup de regarder le film rien que pour ça, dans un but éducatif.
Une histoire inspirée de faits réels.
Le personnage de Koen existe. C’est un juge d’instruction belge qui a été condamné en 1998 à une année de prison avec sursis par la justice belge, pour avoir eu des pratiques sadomasochistes très violentes avec sa femme. Il a perdu son emploi à la suite de cette affaire, mettant un terme à sa carrière de juge.
Le film montre bien les réactions de la société, qui n’est pas capable d’accepter la différence de ce couple. Trahis par des crapules qui révèlent au grand jour une relation qui aurait dû rester privée, le juge Koen et son épouse voient s’abattre sur eux la morale, et pas qu’elle. Sous couvert de défendre publiquement les bonnes mœurs, ceux qui s’attaquent au juge en l’absence de la moindre plainte à son encontre, se servent de cette excuse pour régler leurs différends professionnels.
Le juge Koen n’est jamais entendu quand il veut faire valoir le droit des personnes à disposer de leur propre corps. En dépit de son excellente connaissance de la loi, il ne parvient pas à obtenir justice, ce qui est particulièrement inquiétant pour les citoyens qui ne bénéficient pas de son expérience. Son couple va donc se faire broyer par les envieux, les réactionnaires, par l’absence d’ouverture d’esprit et l’incapacité de la plupart des gens à accepter les différences.
Cela dit, la page Wikipédia consacrée à Koen Aurousseau, le vrai juge, indique que l’affaire judiciaire ne s’est pas passée exactement de la façon qui est décrite dans le film. Elle laisse entendre que les faits qui ont servi de base au scénario du film sont plus nuancés que ce qui est montré.
Si les faits rapportés dans cette page sont conformes à ce qui s’est passé, le juge Koen et sa femme ne sont pas aussi innocents que le film le présente. Du moins, il y a des précisions à apporter.
En particulier, la Cour Européenne des Droits de l’Homme aurait rejeté le recours de Koen pour deux raisons.
Tout d’abord, la femme de Koen, Magda, dans les vidéos retrouvées chez eux, aurait parfois demandé à ce que les sévices s’arrêtent, mais n’aurait pas été entendue.
Ce premier point nécessite des éclaircissements. Dans une séance BDSM, ce genre de choses peut parfaitement arriver, et être normales. On ne peut pas se limiter à juger de ce qui s’est passé durant une seule partie de la séance, car cela peut parfaitement faire partie du jeu, cela peut être scénarisé. Les participants peuvent se connaître suffisamment pour savoir jusqu’où une soumise peut avoir envie d’être poussée, même si en apparence ce n’est plus le cas. Et il est tout à fait possible que ce soit ce qui s’est passé entre le juge et sa femme, qui ont souvent pratiqué en public. Ils n’avaient donc pas grand-chose à cacher. De plus ils se connaissaient très bien, étant mariés depuis des années. Seule l’appréciation d’une séance dans son ensemble, incluant les après-soins, peut permettre de se faire une idée de ce qui s’est vraiment passé.
Mais expliquer cela à des novices n’a pas dû être simple, en particulier dans le contexte familial fragilisé, du fait de l’impact de l’affaire sur leur fille. De plus, le film montre qu’au sein des instances judiciaires où ont eu lieu les débats, se sont réglés en sous-main des conflits professionnels.
Donc si j’avais été à la place des juges de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, je pense que je n’aurais pas retenu l’argument de la soumise qui demande à ce que ça s’arrête, sauf à disposer de plus d’éléments.
En revanche, l’article Wikipédia laisse entendre que les époux Aurousseau avaient des problèmes avec l’alcool.
Dans l’affaire bien réelle, la Cour a retenu le fait que la femme de Koen était consentante. Elle a également reconnu que les traitements violents subis par Magda Aurousseau, comme le fouet, les pinces, l’électricité, les aiguilles dans les seins, les écarteurs et les brûlures n’ont causé aucune séquelle. Cette décision me donne à penser que la justice a été bien rendue.
De plus, elle a estimé que les deux époux étaient en permanence alcoolisés, ce qui est contraire à l’obligation de rester maître de soi quand on pratique le BDSM. Si c’est bien ce qui s’est passé, c’est encore une fois une décision qui me paraît fondée. D’autant que Koen Aurousseau, il faut le dire, n’a écopé dans cette affaire que de la peine minimale.
Enfin, et pour finir là-dessus, le film donne la sensation que le juge Koen semblait idéaliste. Son statut de juge lui a-t-il donné l’impression qu’il serait inattaquable ? Même si j’exècre l’idée qu’on doive se cacher pour vivre ses passions, il est tout de même étonnant que ce couple n’ait pas été plus discret, au moins dans l’intérêt de leur fille. Peut-être que s’ils avaient fait plus attention, la violation de leur vie privée, que je condamne sans détour, ne serait pas arrivée.
Les conséquences pour eux sont malheureusement désastreuses. Le juge a perdu ses droits à la retraite, et leur fille a quitté le foyer, leur reprochant d’avoir manqué à leur sens des responsabilités.
Je remercie le réalisateur du film, qui leur a rendu hommage, et qui nous a donné à voir une production de grande qualité.
Les liens :
– La page Wikipedia consacrée à Koen Aurousseau : https://fr.wikipedia.org/wiki/Koen_Aurousseau
Notre histoire :
La série Maître et soumise, leur histoire est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 2 sont déjà parus :
Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/
Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/
Ma soumise, mon amour, Tome 2 sortira en décembre 2023
Mon Maître, mon amour, Tome 2 sortira en juin 2024.