Steve Haldeman

Le booktrailer, un exercice casse-gueule !

Le booktrailer, un exercice casse-gueule !

Vous pouvez lire l’article, ou le découvrir en version audio avec le lecteur ci-dessous. Il est également disponible en vidéo sur ma chaîne YouTube (lien dans le menu), et prochainement sur toutes les plates-formes de Podcast.

Petite précision préliminaire, cela s’écrit booktrailer, ou book trailer, indifféremment.

Qu’est-ce que c’est ?

C’est l’équivalent d’une bande-annonce de film, mais pour un livre.
Le booktrailer existerait aux USA depuis près de 20 ans, et il est évident que notre société de l’image, en particulier sur internet, a contribué à son essor.

La plupart des articles que j’ai consultés tendent à expliquer que réaliser un booktrailer, c’est devenu très simple, grâce à de nombreux logiciels gratuits, à l’utilisation aisée.
Et en effet, en 2023, faire du montage vidéo est facile, du moins pour faire des vidéos YouTube par exemple. C’est-à-dire quand elles ne sont pas trop complexes et relativement standardisées. Mais là, on ne parle que du montage.

Car le plus difficile, et de loin, c’est d’écrire le script d’une vidéo, et de trouver les ressources pour le mettre en image. Et c’est là que les choses se corsent, en particulier quand on a un budget limité.
En effet, comment allez-vous passer de votre livre à une courte vidéo qui donne envie de le lire ?
Et quand vous saurez ce que vous voudrez mettre en avant, comment allez-vous procéder ?
Quelle musique allez-vous prendre ? Quelles voix ? Et qu’allez-vous utiliser comme extraits vidéo ? Et surtout, plus important que tout le reste, êtes-vous sûr que le résultat ne va pas desservir la promotion de votre livre, plutôt que l’inverse ?

Afin de répondre à ces questions, je vais largement m’inspirer du travail remarquable de Michael Bielli, qui a fait une vidéo sur sa chaîne YouTube, intitulée : Booktrailer : Les erreurs à éviter !! Un lien vers cette vidéo est disponible en fin d’article.
Je vous ai déjà parlé de Michael, et je le referai probablement, car ses vidéos sont intéressantes, et il ne cherche pas à vous brosser dans le sens du poil. En un mot, il est vraiment bienveillant. Il n’a qu’un petit défaut (selon moi) il en rajoute un peu, en particulier avec ses filtres et effets humoristiques. Mais ne vous laissez pas arrêter par ça, il est compétent et pédagogue.

Est-ce important de faire un booktrailer ?

Je pense, à l’image de ce que dit Bielli, qu’on a moins le réflexe de regarder un booktrailer qu’une bande-annonce de film. Du moins, on n’a pas le réflexe d’aller en visionner. Alors que c’est presque automatique quand il s’agit d’un film, du moins pour ma part.
Et ça paraît logique, car une bande-annonce de film, c’est une vidéo. C’est donc le même support que le film dont il fait la promotion.
Alors qu’avec un booktrailer, il s’agit pour l’essentiel de montrer quelque chose qui n’existe pas. En ouvrant le livre que le booktrailer veut vendre, on ne voit rien de ce qu’il y avait à l’écran. Pire, la bande-annonce peut même brider l’imagination des lecteurs, en leur imposant une vision de l’œuvre qui n’aurait probablement pas été la leur s’ils n’avaient rien vu. Par exemple, les lecteurs peuvent se voir imposer le visage d’un personnage, alors qu’ils auraient pu l’imaginer autrement. Cela peut réduire le plaisir que l’on prend à lire.


Mais à l’inverse, aurait-il lu le livre en question s’il n’avait pas vu le booktrailer ?
Et c’est là qu’est, selon moi, le problème principal quand on réalise un booktrailer. On doit essayer de donner envie d’acheter un livre, par essence non visuelle, avec un support qui l’est.
Dans une bande-annonce de film, on met des extraits du film, qui existe déjà, et que l’on n’a plus qu’à monter. Mais dans un booktrailer, que doit-on mettre ?

La conception

La première chose à faire, c’est de décider ce que ce booktrailer va raconter. Et le premier écueil à éviter, selon moi, c’est de calquer la narration du booktrailer sur le synopsis du roman. Cela ne sert à rien.
Personne ne regardera votre booktrailer si vous lui faites dire ce qui existe déjà sur la quatrième de couverture, ou alors ceux qui le regarderont seront déçus. Or essayer de vendre un livre en laissant les potentiels lecteurs sur une mauvaise impression, c’est tout sauf l’effet voulu !

La seconde chose à éviter, c’est d’utiliser ce booktrailer pour mettre en avant la qualité littéraire du roman. Afficher des extraits de votre livre, ça pose deux problèmes : Ce sera vite trop long, car personne ne va rester plus d’une minute devant votre vidéo. Et surtout, personne n’a envie de regarder une vidéo pour y lire du texte. On ne regarde pas un booktrailer pour avoir une idée du talent littéraire de l’auteur, mais pour se faire une idée de ce que son roman va raconter.

À mon sens, il faut que le booktrailer mette en valeur l’histoire, d’une façon qui n’ait rien à voir avec le synopsis, sinon on aura l’impression de l’avoir lu deux fois.
Or rédiger un synopsis percutant, c’est déjà un exercice difficile. Donc concevoir un booktrailer, c’est s’atteler à la tâche d’en créer un second, réellement différent du premier, et adapté au support vidéo. C’est donc une tâche ardue !

Les différentes briques du booktrailer

Pour faire simple, les différents éléments d’un booktrailer sont :

– des images un minimum animées, car il ne s’agit pas de réaliser un diaporama.
– une bande-son comportant à la fois des paroles et/ou de la musique
– des textes ajoutés par-dessus l’image, pour les situations où les lecteurs potentiels visionnent sans le son (60% des vidéos sur Facebook sont vues ainsi). Vous avez d’autant plus intérêt à en ajouter, si, comme moi, vous écrivez de l’érotisme.

Le risque majeur, quand on réalise un booktrailer, c’est de décrédibiliser le roman qu’on veut mettre en valeur. Et ça peut arriver très vite, en particulier quand on dispose d’un budget limité.
Avec un booktrailer, on part de rien. Votre roman n’est qu’une succession de lignes en noir et blanc. Visuellement, tout est à créer, et ça ne facilite pas la tâche. On peut donc être tenté de profiter de ce que les autres ont déjà fait. Et c’est un piège dans lequel il ne faut pas tomber.

Éviter de pirater le travail des autres

Pour commencer, vous n’avez pas le droit d’utiliser des extraits vidéo ou des musiques qui ne sont pas libres de droits. Et éviter cela n’est pas aussi simple que ça en a l’air.
Par exemple, on pourrait penser que la plupart des morceaux de musiques classiques sont libres de droits, mais ce n’est pas le cas. Les partitions sont en effet dans le domaine public, mais la plupart de ces musiques sont issues d’interprétations qui, elles, sont encore protégées. En effet, un interprète a des droits sur ses productions, et la détection des bandes-son piratées se fait maintenant de façon automatique. J’en ai fait les frais, même si j’étais de bonne foi, dans le sens où j’ai utilisé une partie d’une sonate de Beethoven pour une série de vidéos promotionnelles. Or je ne savais pas encore ce que je viens de vous expliquer.
Certains réseaux sociaux où vous publierez vos vidéos ne les supprimeront pas, mais ils en désactiveront le son, ce qui revient à torpiller efficacement un booktrailer.
Il est également possible que l’on désactive le son d’une de vos vidéos alors que vous êtes parfaitement en règle. Cela m’est également arrivé sur Pinterest, avec le booktrailer du tome 1 de Mon Maître, mon amour. Pour la musique de ce booktrailer, j’ai utilisé un extrait d’une interprétation du requiem de Mozart, Lacrimosa. Or un rappeur, King Rasy, en a fait autant, et l’on m’a accusé de l’avoir plagié. Si ça vous arrive, faites une réclamation et ne vous laissez pas faire ! J’avais toutes les preuves de mon achat et de mon droit à utiliser cet extrait musical. Même si je ne pèse pas lourd face à Warner Music et Pinterest, j’ai eu gain de cause, et ma bande-son a été rétablie.

Une solution peut donc consister à puiser dans des catalogues d’images, d’extraits vidéo ou de musiques libres de droits. Il y a énormément de fournisseurs de médias de ce genre, Michal Bielli en cite quelques-uns dans sa vidéo. Mais ce n’est pas parce que ces extraits sont qualifiés de « libres de droits » qu’ils sont gratuits, et que vous pourrez les utiliser ad vitam æternam, sans contrepartie.
Qui plus est, si ces bibliothèques existent, ça ne veut pas dire que vous allez trouver facilement les extraits que vous avez imaginés, sans difficultés. Les catalogues sont limités, et en fonction de l’histoire que vous voulez raconter en vidéo, dénicher des images adaptées risque d’être long et difficile. Par ailleurs, vous prenez le risque de prendre des images qui auront déjà été utilisées par d’autres, et donc de réduire l’originalité de votre création.

Tout créer soi-même

À l’inverse, on peut essayer de créer tout le contenu de A à Z. Mais là, une autre difficulté apparaît. Faire la voix off d’un booktrailer suppose d’avoir du matériel d’enregistrement de qualité, et d’avoir un jeu d’acteur de qualité suffisante.
Et c’est encore pire s’il s’agit de tourner une scène soi-même, car ça suppose d’avoir d’éventuels costumes, de choisir un lieu de tournage adapté, et d’avoir les compétences audiovisuelles en rapport avec la qualité que vous espérez pour votre booktrailer. À défaut, le résultat risque de torpiller les ventes de votre roman. Or ceux qui achètent des livres ne vous trouveront aucune excuse. Que vous soyez auto-édité, ou qu’un éditeur vous ait choisi, ça ne comptera pas pour eux. Vous-même, vous n’achèteriez pas un roman d’un booktrailer décevant.
Donc, je vous conseille de ne rien faire plutôt que de prendre le risque de paraître amateur.

Si vous désirez malgré tout faire quelque chose, les choix que vous allez devoir faire dépendent de votre roman. S’il s’agit de tranches de vie qui se déroulent dans votre quartier, faire quelques prises est envisageable. Mais s’il s’agit d’Heroic Fantasy ou de SF, n’essayez pas de reproduire la jungle extraterrestre que vous avez imaginée, avec quelques fougères et des décors en carton-pâte.

Comment Rose et moi avons procédé.

Pour le premier tome de Ma soumise, mon amour, la question ne s’est pas posée. C’était le premier des 4 tomes de la série Maître et soumise, leur histoire, et nous n’avions pas encore les compétences et le matériel pour réaliser un booktrailer. En revanche, nous avons décidé d’en faire un pour le premier tome de Mon Maître, mon amour.
Pour le réaliser, nous avions déjà un certain nombre d’éléments, à commencer par les illustrations qui avait été réalisées pour les couvertures des 4 tomes.
Pour la musique, nous avons choisi un morceau libre de droit.
Pour les paroles et les effets sonores, nous les avons enregistrés nous-mêmes, grâce au home studio que nous avions monté chez nous, pour enregistrer les podcasts et les versions audio de nos romans.
Enfin, pour les animations et le montage, nous avons fait appel à une freelance talentueuse spécialisée en Motion Design, Elena Sok. Avec elle, nous avons trouvé une professionnelle à l’écoute, sensible à nos demandes, et toujours prête à nous faire des propositions pertinentes. Alors j’en profite pour la mettre en avant aujourd’hui. Ses coordonnées sont dans les liens en fin d’article.

Mais avant tout cela, nous avons imaginé une mise en scène de ce booktrailer, une façon originale de montrer l’atmosphère du livre. Voici le résultat, peut-être me direz-vous ce que vous en pensez ?

 

 

J’ai écrit cet article en juin, et nous sommes maintenant au mois d’octobre. Le booktrailer suivant est sorti, celui du tome 2 de Ma soumise, mon amour. Vous pouvez le voir sur notre chaîne Youtube :

https://www.youtube.com/@steveetrosehaldeman

Passez une excellente journée !


Lien

 

– Vidéo de Michael Bielli, Booktrailer : Les erreurs à éviter :
https://www.youtube.com/watch?v=uRQ22dcPQTM
– Pour contacter Elena Sok :
sok.design@yahoo.com
http://www.linkedin.com/in/elena-sok-2101

 

Notre site : https://stevehaldeman.com/

Notre histoire :La série « Maître et soumise, leur histoire » est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 2 sont déjà parus :

Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/

Ma soumise, mon amour, T2 sortira en décembre 2023
Mon Maître, mon amour, T2 sortira en juin 2024.

 

Ils sont également disponibles en version papier et e-book, dans toutes les bonnes librairies (en ligne ou en magasin) avec des couvertures différentes, les originales ayant choqué la morale.

1 réflexion sur “Le booktrailer, un exercice casse-gueule !”

  1. Finalement, et contrairement à ce que j’annonce en fin d’article, nous n’avons pas réalisé d’autre booktrailer pour le moment. Et ce pour une raison simple : nous n’avons pas trouvé d’idée qui nous paraisse vraiment bien.

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