Steve Haldeman

Auteur auto-édité : Comment réussir ?

L’image ci-dessus montre les propriétés du fichier de mon premier roman. Et la durée d’édition est bien celle que j’ai passé à travailler dessus, car je ferme toujours mes documents dès que je ne suis plus devant, de peur que mon chat ne vienne écrire à ma place.

Le but est de donner une idée du temps que nécessite un travail de rédaction et de correction sérieux, surtout quand il s’agit d’une première expérience d’auteur.

Auteur auto-édité : Comment réussir ?

Vous pouvez lire l’article, ou le découvrir en version audio avec le lecteur ci-dessous. Il est également disponible en vidéo sur ma chaîne YouTube (lien dans le menu), et prochainement sur toutes les plates-formes de Podcast.

Pour un auteur, s’auto-éditer c’est assumer l’ensemble des tâches qui permettent in fine de proposer son livre au public.
L’auto-édition est parfois un choix par défaut. Cela peut arriver quand on n’a pas pris le temps de chercher un éditeur traditionnel, ou qu’aucun d’eux n’a sélectionné notre manuscrit.
Mais en 2023, c’est de plus en plus un choix délibéré, qui permet de garder le contrôle sur toutes les étapes de la commercialisation de son livre.

S’auto-éditer, en quoi ça consiste, en pratique ?

Avec les solutions techniques actuelles, l’auto-édition permet à n’importe qui de publier son roman, et de le mettre en vente. Cela dit, entre proposer un livre à la vente, et le vendre effectivement, il y a un pas. Et c’est la raison pour laquelle il peut y avoir de très grandes différences entre auteurs auto-édités.

Car parmi eux, il y a ceux qui investissent très peu de temps dans le travail d’édition. C’est-à-dire qu’il y a des écrivains qui mettent en ligne leur ouvrage dès qu’ils en ont terminé le premier jet. Ils négligent les corrections pour diverses raisons, et ne s’occupent pas de promotion par manque de temps, de compétences ou d’intérêt. Ils écrivent par passion, et s’ils veulent être lus, ils n’investissent pas de temps dans les démarches commerciales.
Alors vendront-ils ? Pour l’immense majorité d’entre eux : non.
Du moins, ils n’en vendront pas au-delà de leur cercle amical et familial, c’est-à-dire à des gens qui l’auront acheté par solidarité, et pas par intérêt pour le livre.

A contrario, il y a les auteurs auto-édités qui vont :
– Passer beaucoup de temps à reprendre leur texte sur le fond et sur la forme.
– Chercher des bêta-lecteurs pour obtenir des critiques qui permettront d’améliorer encore leur texte
– Faire appel à un correcteur professionnel pour traquer les dernières fautes d’orthographe, de grammaire, de syntaxe, de typographie.
– Apprendre les codes de présentation d’un livre papier, sa mise en page, et les appliquer.
– Apprendre les codes de présentation d’un e-book et les appliquer.
– Enregistrer la version audio de leur roman.
– Se renseigner concernant les bonnes pratiques de création d’une couverture
– Apprendre à rédiger un synopsis percutant
– Trouver et utiliser les différents intervenants de l’auto-édition, à l’image d’Amazon KDP, le plus connu, mais aussi tout un tas d’autres prestataires qui leur permettront d’accéder à d’autres vecteurs de distribution, notamment en librairie traditionnelle.
– Développer un savoir-faire technique permettant de créer des outils de promotion : site internet, montage audio, vidéo, logiciel de retouche d’image.
– Investir dans les outils correspondants
– Se sensibiliser à ce qu’est le marketing, de façon à se faire connaître tout en évitant de faire plus de mal que de bien à la promotion de leur roman.
– Choisir avec soins les vecteurs de leur promotion.
– Investir énormément de temps dedans, notamment sur les réseaux sociaux, mais pas seulement.
– Et surtout, en dépit du temps énorme que demandent toutes ces tâches, continuer à écrire. Sinon, ils se seront fait connaître pour pas grand-chose, car un premier livre a très peu de chance d’être un succès.

 

Les différences d’investissement dans toutes ces tâches, sont les raisons pour lesquelles les auteurs auto-édités sont globalement mal considérés. Car les lecteurs ne savent pas à l’avance quelle est la qualité du travail qui aura été fourni.
Il faut se rendre compte qu’entre auteurs sélectionnés par une maison d’édition, il peut y avoir des différences de talents. Tout bonnement parce que certains d’entre eux ont plus d’expérience que les autres, et que tous les auteurs ne sont pas forcément des génies dans leur domaine, qu’ils ont tous une sensibilité particulière qui va plaire différemment. Mais globalement, leur maison d’édition aura fait en sorte d’améliorer leurs textes, et de les mettre en valeur aux yeux du public. Cela contribue à tirer vers le haut tous les romans que la maison d’édition vend.

En revanche, entre écrivains auto-édités, les disparités sont énormes. Car si un auteur ne fait pas le nécessaire pour mettre son texte en valeur, personne ne le fera pour lui. Et ça ne l’empêchera pas de le proposer à la vente.
Ce n’est pas dénigrant de le dire. Les auteurs auto-édités ont des aspirations très variables. Et puis il y a beaucoup d’écrivains en herbe qui n’avaient pas idée de la difficulté de la tâche qui les attendait, ou qui se faisaient des illusions. Parfois, quand ils arrivent enfin à écrire le point final de leur histoire, ils sont vidés. Ils ont l’impression d’avoir tout donné, et ils n’ont plus d’énergie pour la suite.
Et puis il y en a qui se font des idées. Sur Facebook, j’ai discuté avec une personne qui me disait qu’elle allait bientôt sortir son bouquin, et qu’elle n’aurait pas besoin d’en faire la promotion, parce qu’elle estimait que sa qualité sauterait aux yeux du public, et que son livre allait changer la face du monde… Rien que ça ! Sur le papier, ce n’est pas complètement impossible, mais la probabilité que ça arrive est infinitésimale. Voulez-vous compter uniquement sur la chance ?

Publier sur Amazon, c’est très facile. Mais une fois en ligne, la qualité supposée de votre livre sera noyée parmi des millions de références disponibles.
Donc devenir un auteur auto-édité sérieux, c’est être beaucoup plus qu’écrivain. C’est se lancer dans une vraie aventure. C’est créer et gérer une entreprise à part entière.

Pour illustrer mes propos, je vais vous raconter mes débuts dans l’auto-édition. En particulier, je vais vous donner un aperçu du travail important que je déploie, qui n’est pourtant pas une garantie de réussite.

Mon aventure

Quand j’ai décidé de me lancer dans l’aventure de l’auto-édition, nous étions au début de l’année 2021.
Dominant, le titre temporaire de Ma soumise, mon amour, était terminé depuis 2011, et depuis, j’avais écrit le premier tome de mon roman de science-fiction, ainsi qu’un essai sur la création d’entreprise.
J’avais cherché des éditeurs pour ces trois livres, mais sans conviction. Ce n’est pas que je pensais qu’ils ne valaient rien, au contraire, mais je ne m’y étais pas mis sérieusement, en dépit de deux réponses encourageantes.
Depuis, j’avais entendu parler de l’auto-édition, et cette solution m’a plu. Elle emportait mes suffrages car elle correspondait à mon caractère et à mes aspirations d’ex-chef d’entreprise. Contrôler toutes les étapes du processus éditorial m’intéressait, et être le seul responsable de mes échecs et de mes réussites me plaisait encore plus.

Mais comme je ne connaissais pas grand-chose à toutes les compétences qu’il faut maîtriser, je me suis dit que j’allais expérimenter tout cela avec celui de mes livres qui avait le moins de potentiel commercial. Parce qu’il s’adressait à un public restreint, mon roman BDSM était le livre le plus indiqué pour faire toutes les erreurs que j’allais être susceptible de faire en débutant. Pour autant, j’avais l’intention de faire de mon mieux, ne serait-ce que parce que j’étais convaincu qu’il s’agissait d’une belle histoire.
Quand je l’ai relu pour faire le point, je me suis aperçu qu’en dépit des nombreuses corrections que j’avais déjà faites, il était perfectible. J’ai donc décidé de l’améliorer. Rose m’a aidé, et de fil en aiguille, nous avons transformé Dominant, un livre en un tome, en un double roman, de deux tomes chacun. La rédaction de ces tomes et leurs nombreuses relectures m’ont pris près d’un an de mon temps. Et plus j’ai avancé, plus ce travail a monopolisé mon temps libre, jusqu’à ce que je termine de peaufiner le premier tome de ce qui était devenu Ma soumise, mon amour.
Quand j’ai eu la conviction que les lecteurs allaient l’apprécier, je me suis intéressé à sa publication. Et à partir de ce moment-là, j’ai été de plus en plus passionné, jusqu’à travailler du lever au coucher, pour donner toutes les chances à mon projet de réussir.
Ce rythme de travail, c’est le mien depuis plus d’un an maintenant.
En un an, j’ai appris énormément de choses. Je sais maintenant comment mettre un livre en page de façon professionnelle, j’ai appris à construire un site internet, que j’ai remanié plusieurs fois pour tenir compte des conseils que l’on m’a donnés. J’ai aussi créé une chaîne YouTube, un compte Pinterest et un podcast que j’alimente avec des articles que je publie au rythme d’un par semaine. Pour que tout cela n’ait pas l’air d’être amateur, j’ai appris à me service de GIMP, l’équivalent gratuit de Photoshop. J’ai également appris à utiliser d’autres logiciels, pour monter mes podcasts. Pour obtenir des enregistrements de qualité, j’ai conçu un home studio, j’ai investi dans du matériel, et quand j’ai pu en disposer, j’en ai profité pour enregistrer la version audio de mon premier roman.
Et comme cela ne suffisait pas pour faire connaître nos écrits, j’ai également appris à travailler avec un illustrateur, pour monter ensuite des vidéos promotionnelles. En plus de tout cela, je passe beaucoup de temps dans la communication sur les réseaux sociaux, où j’ai le plaisir de rencontrer des personnes formidables !
Enfin, parce que faire tout cela n’aurait eu aucun sens si je n’en avais plus eu le temps, j’ai continué à écrire. Après mes journées bien remplies, j’ai passé mes fins de soirées à rédiger deux romans de plus. Et ce 7 jours sur 7.

Parmi toutes ces démarches, celle que j’estime la plus difficile est la promotion.

Faire la publicité de ses écrits, c’est dur. C’est dur parce que ça ne peut pas se limiter à dire à tout le monde qu’on a écrit un bouquin. Tout bonnement parce que si on fait ça, on se retrouve face à des personnes qui n’en auront tout bonnement rien à faire ! Des bouquins, il en sort deux cent par jour, alors un de plus ou un de moins, qu’est-ce que ça peut bien leur faire ?C’est donc compliqué pour tout un tas de raisons pratiques qui amènent rapidement l’auteur à saouler ses interlocuteurs, c’est-à-dire à obtenir exactement l’inverse de ce qu’il désire. Et ce même si son bouquin est bon.


La grande difficulté, c’est donc de réussir à intéresser ses interlocuteurs, et ce n’est pas facile. Pour ma part, j’ai décidé d’une stratégie marketing qui consiste à montrer qui je suis en tant qu’auteur, quelles sont mes idées. Je me suis donc astreint à montrer quelle est ma sensibilité à propos des sujets qui m’intéressent. Ces articles peuvent servir ma promotion, parce qu’ils parlent des thèmes de mon roman. Mais il ne faut pas en abuser. J’écris aussi à propos de sujets qui ne m’aident pas directement, tout bonnement parce que cela me permet de partager des idées qui sont les miennes, et qui me tiennent à cœur, comme la liberté d’expression, ou l’éducation sexuelle.
J’ai expérimenté divers types de réactions, de ceux qui aiment ce que j’écris, et ma façon de voir les choses, à ceux qui ne supportent pas la publicité, et qui critiquent tout ce que je publie, comme s’ils n’avaient que ça à faire. C’est usant parfois, et il arrive que ça me fâche, quand il est évident que les critiques sont malhonnêtes.


Personnellement, j’ai eu affaire à une blogueuse qui a laissé un commentaire assassin sur Amazon, après s’être agacée d’une conversation que nous avions eue sur Facebook. Elle n’a pas apprécié les remarques que j’ai faites sur son site, alors qu’elle les avait pourtant sollicitées. Malheureusement, il y a des gens qui ne supportent pas les critiques. Cela m’a agacé d’autant plus que c’est une personne mise en avant par Amazon, et susceptible de recevoir des produits gratuitement en remerciement de ses commentaires.
Mais finalement, et avec le recul, je me suis aperçu que ces gens-là vous aident plus qu’ils n’en ont l’air. Ils vous invitent à vous améliorer, à modifier votre façon de communiquer pour être plus efficace, plus lisse aussi.
Je n’ai pas changé pour autant, je dis toujours ce que je pense, car j’estime qu’un auteur doit rester honnête avec ses lecteurs. Mais quand je ne sens pas quelqu’un, je ne m’éternise plus. Pour moi c’est difficile, car je n’aime pas le côté superficiel des réseaux sociaux. Me limiter à liker et à répondre « bonjour et bienvenue » aux présentations sur les groupes ne me correspond pas. J’aime les conversations et les échanges riches des différences de point de vue. Mais j’ai appris à faire un peu plus attention aux personnes qui sont faussement ouvertes d’esprit, ou qui s’agacent vite.

Pour le moment, cela fait 9 mois que j’ai commencé la promotion de notre double roman. C’est peu, mais j’ai découvert une activité riche d’enseignement. Parce ce que je crois beaucoup en la qualité de mon roman, et que j’ai persévéré jusque-là, j’ai rencontré des personnes que je considère comme des amis, et que j’aurais rencontrées depuis longtemps si je ne devais pas encore faire très attention à mon anonymat.
J’espère que ça viendra vite maintenant. Ne pas pouvoir parler ouvertement de ma passion est difficile.

 

Le prochain article de cette catégorie parlera d’un sujet qui, dans notre pays, est parfois plus tabou que le sexe : l’argent ! Je déplore que l’on ne soit pas plus ouvert sur le sujet. J’ai parfois la sensation que les gens finissent par dire n’importe quoi, par refus de compter un peu.
Je parlerai donc de l’argent des auteurs, et j’exposerai ma situation personnelle.

 

Notre site : https://stevehaldeman.com/

 

Notre histoire :La série « Maître et soumise, leur histoire » est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 2 sont déjà parus :

Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0BDMWCYR6/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/

Ma soumise, mon amour, T2 sortira en décembre 2023
Mon Maître, mon amour, T2 sortira en juin 2024.

Ils sont également disponibles en version papier et e-book, dans toutes les bonnes librairies (en ligne ou en magasin) avec des couvertures différentes, les originales ayant choqué la morale.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *