Steve Haldeman

Aïda, mon premier orgasme musical

Aïda, mon premier orgasme musical

Vous pouvez lire l’article, ou le découvrir en version audio avec le lecteur ci-dessous. Il est également disponible en vidéo sur ma chaîne YouTube (lien dans le menu), et prochainement sur toutes les plates-formes de Podcast.

Cet article est une introduction à un autre, que je vais consacrer à l’impact de la musique sur ma créativité d’auteur. Mais en attendant, aujourd’hui j’aimerais vous parler d’un extrait de l’acte II de l’opéra Aïda, de Giuseppe Verdi, en commençant par vous expliquer dans quelles circonstances j’ai découvert cette merveille.

La découverte

Alors que j’étais plus jeune, j’écoutais un peu de tout. De la pop, du rock et pas mal de hard-rock, du plus politiquement correct au plus brutal, façon Sepultura ou Panthera. Ça allait avec les emportements de mon adolescence et de mes premières années d’adulte. Du hard-rock, j’en écoute toujours d’ailleurs, mais avec le temps c’est devenu une question de nostalgie.
Quoiqu’il en soit, tous les types de musique pouvaient me plaire, ça dépendait des morceaux, de leur musicalité, des paroles et des circonstances dans lesquelles je les découvrais.
Parce que j’étais enfant dans les années 80, je suis resté très sensible aux groupes populaires qui sévissaient alors, et si j’y suis toujours sensible et que j’écoute souvent Nostalgie dans la voiture, je sais bien que c’est parce que mes goûts ont été influencés par la mode musicale de mes jeunes années.
En revanche, s’il y a un genre qui a toujours eu une place particulière dans mon esprit, c’est la musique classique. Et ce n’est pas un hasard. Elle transcende les modes et enrichit la plupart des productions cinématographiques les plus marquantes. Donc que l’on en ai envie ou pas, elle nous accompagne tout au long de notre vie, probablement parce que la puissance émotionnelle de ces morceaux de musique est supérieure à la moyenne.
Alors que j’avais 22 ans, il y a eu un moment où j’ai exploré la discothèque de mes parents avec une attention toute particulière. J’étais à la recherche de ces morceaux que j’avais souvent entendus, mais dont je ne connaissais pas la plupart des noms. De cette façon j’ai redécouvert les sonates de Beethoven, les œuvres les plus connues de Mozart, et tout un tas de musique iconique à l’image des ballets de Tchaikovski, ainsi que de nombreux autres compositeurs que j’avais découvert enfant, à l’image de Prokofiev avec Pierre et le Loup, mais dont j’avais déjà entendu une partie du répertoire sans le savoir. Je me demande quelle est la proportion des gens qui reconnaîtraient sans peine les premières notes de La Danse des chevaliers, sans être capable pour autant d’en donner le titre, et sans savoir qu’il s’agit d’un extrait du ballet Roméo et Juliette de Prokofiev. Faites donc l’expérience, et dites moi dans les commentaires si vous êtes dans ce cas 🙂
Donc au mois de juin, l’année de mes 22 ans, tous les soirs dans le salon déserté, j’explorais avec plaisir les nombreux disques de musique classique de mes parents. Cependant un type d’œuvre me donnait plus de mal, c’est l’opéra. Le mélange de la musique orchestrale et des voix me paraissait trop chargé, trop baroque en quelque sorte.
Jusqu’à ce que j’essaye encore avec une compilation d’extraits de Aïda, publié par EMI. C’était une interprétation de l’œuvre de Verdi par le chef d’orchestre Riccardo Muti, la cantatrice Montserrat Caballé, et le ténor Plácido Domingo. Et si je précise cela, c’est parce que des interprétations d’Aïda, j’en ai entendu bien d’autres par la suite, mais aucune ne m’a jamais procuré des émotions aussi intenses que cette version.

L’objectif de cet article visant à vous faire ressentir la même exaltation, je vais commencer par vous en dire un peu plus sur cet opéra.

L’histoire

Il raconte l’histoire d’amour qui lie Aïda, une esclave éthiopienne, et Radamès, un officier égyptien au temps des pharaons. Leur amour est contrarié par le conflit qui oppose leurs deux nations.
A l’acte I, Radamès demande le commandement général des armées, afin de remporter une bataille sur les Égyptiens. Il pense que ça lui permettra épouser Aïda, la jeune esclave éthiopienne qu’il aime et dont il est aimé.
Il obtient sa nomination, et Aïda espère qu’il va parvenir à ses fins, en dépit de son amour pour sa patrie.
Lors de l’acte II, Radamès revient victorieux, et c’est à ce moment que prend place la marche triomphale, avec les fameuses trompettes d’Aïda. Si vous faites partie de ceux à qui ça ne dit rien, faites donc une recherche dans Youtube, il y a de fortes chances pour que vous reconnaissiez l’air.
La deuxième partie de cet acte est l’extrait dont je vous parle aujourd’hui. Radamès demande alors que le roi réalise son vœu, comme cela lui a été promis avant son départ. Il demande la libération de tous les captifs éthiopiens. Le roi accepte, mais pour le malheur de Radamès et d’Aïda, il lui donne plus : la main de sa fille Amnéris, qui aime Radamès depuis toujours, et qui se consume de jalousie devant Aïda.
L’acte III voit Radamès trahir son pays pour l’amour d’Aïda, qui se révèle être la fille du roi des éthiopiens, qui était captif aussi, et qui œuvre pour se venger.
Au quatrième acte, comme on s’en doute au fur et à mesure que les conspirations d’Amnéris se jouent, l’histoire finit mal. Radamès, qui reste fidèle à son amour pour Aïda, est condamné à être emmuré vivant.
Alors qu’il se lamente dans sa tombe, parce qu’il ne pourra plus revoir celle qu’il aime, il découvre qu’Aïda s’est secrètement introduite dans la crypte, pour y mourir à ses côtés.

Maintenant que vous connaissez l’histoire, si vous ne la connaissiez pas encore, je peux vous parler de cette musique extraordinaire.
La première fois que j’ai écouté ce passage, j’avoue que j’ai dû persévérer. Les deux premières minutes sont à l’image de ce qui m’avait toujours rebuté dans l’opéra. J’avais l’impression qu’il s’agissait simplement de parole de théâtre que Verdi avait mis en musique avec plus ou moins de bonheur. Je veux dire par là que l’opéra, bien souvent, donne lieu à des musicalités particulières, qui ne font pas appel au schéma habituel des chansons populaires, qui sont rythmées par des accords souvent répétitifs, et des paroles qui ont toujours la même trame, c’est-à-dire un refrain qui s’intercale plusieurs fois entre les couplets.
Mais dans l’opéra, le génie est à l’œuvre, et comme souvent, il ne s’accommode pas d’un cadre prédéfini. C’est ce qui peut perturber au début.
Quoiqu’il en soit, après ce passage que je perçois aujourd’hui comme un prélude, une sorte de mise en bouche, ou comme ce que j’aime à comparer à des préliminaires, la voix de Fiorenza Cossotto m’a fauché à 2 minutes et 24 secondes, mettant fin à mon incertitude.
Les 3 minutes restantes ont été pour moi une ascension vers un idéal musical. Plus les secondes s’égrenait, plus les notes me promettaient la félicité. Les chœurs mélés à l’orchestre et aux trompettes alternant avec les voix exceptionnelles des chanteurs lyriques m’ont procuré l’étrange sentiment d’une gradation dans le sublime, d’une montée irrésistible, d’émotions graduellement plus grandes et nobles vers le septième ciel.
Mais trêve de bavardages ! Nous avons tous un rapport particulier à la musique. Elle nous apporte des émotions qui varient avec notre humeur et nos goûts. Alors à vous de vous faire votre idée, en écoutant l’extrait en question.

 

 

Alors ? Vos oreilles vous ont-elles procuré la joie que je vous promettais ? Si c’est le cas, je suis ravi d’avoir pu vous apporter ce plaisir. Et dans le cas contraire, ce n’est pas grave. Souvenez-vous de votre première fois, ce n’était pas terrible non plus, n’est-ce pas ? Eh bien avec l’opéra, c’est pareil. Il y a des arts qui nécessitent un peu de temps pour se laisser apprivoiser. Persévérez, ça va venir !

 

Notre site : https://stevehaldeman.com/

Notre histoire : La série « Maître et soumise, leur histoire » est un double roman BDSM, raconté pour l’un du point de vue du maître, et pour l’autre du point de vue de la soumise. Elle se compose de 4 tomes dont 3 sont déjà parus :

Ma soumise, mon amour, Tome 1 (septembre 2022)
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– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242002/

Mon Maître, mon amour, Tome 1 (juin 2023)
– version e-book : https://www.amazon.fr/dp/B0C9H2GYK9/
– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494243009/

Ma soumise, mon amour, Tome 2 (décembre 2023)
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– version papier : https://www.amazon.fr/dp/2494242029/
Mon Maître, mon amour, T2 sortira en juin 2024.

Ils sont également disponibles en version papier et e-book, dans toutes les bonnes librairies (en ligne ou en magasin) avec des couvertures différentes, les originales ayant choqué la morale.

 

Jingle introductif du podcast : Track : Warsaw
Music by https://www.fiftysounds.com

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